20 avril 2006

Une dernière fois.


Bastien se passa les mains sur le visage. Il soupira brièvement, et releva lentement son visage vers la fenêtre. Il y était. Encore une fois. Elle l’avait laissait tomber. Certes, ils ne s’étaient rien promis, mais quand même, le goût amer de l’échec restait là … un arrière goût permanent.
Une semaine qu’il n’avait plus de nouvelle. Une semaine qu’elle avait pris ses distances. Elle n’était pas dupe. Elle aussi avait du le voir. C’était évident. Bastien se dit qu’il aurait fait un bien piètre comédien. Incapable de masquer le moindre sentiment, la moindre affection. Pourtant il tenait à elle plus qu’il n’avait bien voulu l’avouer. Elle était ce qu’il n’était pas, et il était ce qu’elle n’était pas. Bastien croyait peu au « qui se ressemble, s’assemble ». Quelle absurdité. Avoir son reflet tous les jours. Il avait bien assez du sien. Certes, ils étaient différents, mais ils avaient en même temps de nombreux points communs. Pas l’un tout blanc, et l’autre tout noir.
Bastien se leva et alla à la fenêtre. Le plafond était gris. Comme une invitation à se replier sur soi même. A ne pas sortir dehors sous peine de se confronter au courroux céleste. Où pouvait t’elle être. Sûrement au soleil, bien au chaud. Le téléphone sonna, et le ramena un instant à la réalité. Il décrocha à la troisième sonnerie. Jacques, son supérieur, lui donna de quoi ne pas trop penser. Un dossier à étudier et à rendre pour hier. Bastien, descendit à la comptabilité, et prit le dossier en question. Il remonta dans son bureau et se mit à l’ouvrage. Etrangement il n’arrivait pas à complètement entrer dans celui-ci. Il alla chercher un café à la machine au bout du couloir. Il revint à son bureau et essaya de se replonger dans ce fichu dossier. Mais rien n’y fit, elle était toujours dans un recoin de son esprit. Il jura, s’énerva un peu, mais il n’arrivait pas à penser à autre chose. Et pourquoi aujourd’hui. Il n’avait pas le temps pour se permettre un tel luxe. Bastien finit par se remettre au travail, bâcla rapidement son dossier et le déposa vers 19 H 30 sur le bureau de Jacques, qui était déjà rentré chez lui. Il avait une petite famille lui. « Pas comme moi », se dit Bastien. Et là la question sournoise qui jaillit dans son esprit. N’ai-je pas une vie de merde. Ne l’ai-je pas foiré magistralement.
Célibataire à la vie affective surpassant de loin en superlatif le mot désastre, un travail qui finalement ne l’éclatait plus vraiment, une vie sociale au point mort. Bastien se dit qu’il n’y avait pas de quoi pavoiser. En arrivant au parking, il s’aperçut qu’il avait oublié son portable dans son bureau. Il se posa la question de savoir s’il devait aller le chercher. Il se dit que personne ne l’appelait. Jamais. Il monta dans sa voiture, et prit le chemin du retour vers son petit studio tristounet.
Pendant ce temps, le portable sonna et vibra. Mais en vain, son propriétaire n’était plus là. Bastien ne saurait pas qui cherchait à l’appeler. Numéro privé. Il ne saurait pas qu’elle avait essayé. Une dernière fois.

09 avril 2006

Désert


Tranquille, perdu dans mon désert
Assoiffé, seules mes larmes me désaltèrent.

Le vent aride me repousse au loin
Mais croyez moi, il le fait en vain.

Si bien souvent je tombe à genoux
Pour demander quand cessera le courroux

La lumière étincelante apparaît et me redresse
Car mon ange gardien jamais ne me laisse.

Ô doux climat, envahit tout mon être
Au coeur de ce désert fait la vie renaître.

Du bleu de mes yeux puise l’eau
Afin d’irriguer avec le plus beau des flots.

Tranquille, perdu dans mon désert
J’attends que tu viennes et t’y désaltères.


© Août 1997 by Babou