05 septembre 2006

Que la fin !


Vincent courrait aussi vite qu’il le pouvait … Mais on ne peut pas vraiment dire que toutes ces années passées dans la rue lui donnait un avantage dans la situation qui était la sienne.

Il entendait les sirènes des voitures au loin. Il avait quitté Florence dès qu’il les avait vus au bout de la rue.

Ils savaient qu’ils étaient sur leurs traces, mais ils pensaient pouvoir leurs échapper. Erreur.
Ils se retourna et aperçut le plus jeunes d’entre eux. Il était à peine 10 mètres derrière. Vincent déboucha sur le parvis. Il traversa une marée de pigeon, qui sembla retarder un temps son poursuivant le plus près. Il se retourna. Le jeune flic s’était mis à marcher.

Vincent continua, mais vit tout de suite le pourquoi de l’arrêt de la poursuite. Deux voitures de polices lui faisaient front au bout du pont. Le temps que son cerveau analyse la situation, il se retrouva au milieu du pont. Les flics lui hurlèrent les sommations d’usages et lui ordonnèrent de se rendre. Vincent essayait de réfléchir aussi vite qu’il pouvait. S’ils l’attrapaient, ils arrêteraient aussi Florence. Il fallait qu’il prenne tout sur lui. Qu'il lui laisse la chance de partir avec son jeune frère. Qu’elle puisse reconstruire le peu qui pouvait l’être. Lui, n’était qu’un exclu. Quelle valeur pouvait t’il avoir ?

Son regard croisa l’eau saumâtre qui s’écoulait sous le pont. Son corps prit son élan. Les flics du bout du pont regardèrent Vincent, puis la première détonation retentit. Plusieurs suivirent. Vincent cria. En l’air son corps parut perdre vie, puis au bout de l’hyperbole de son vol, il heurta la surface de l’eau avant de s’y engouffrer de tout son être et disparaître.

Florence était le long du quai. Elle hurla quand la première détonation claqua, et continua lorsqu’elle vit le corps disparaître. Cependant, par un instinct qu’elle ne s’expliqua pas, elle se tut rapidement. Elle resta là, figée, en sanglot à attendre que Vincent remonte. Mais il ne remonta pas. Les hommes grenouilles ne retrouvèrent pas son corps. On ne retrouva qu’un peu de sang sur la balustrade. Une balle au moins avait du faire mouche.

Les faits ne firent l’objet que d’un entrefilet dans les journaux. Florence réussit à emmener son frère en Espagne, espérant rejoindre le Maroc. Espérant retrouver Mohamed du côté d’Essaouira. Le projet était vague. Mais elle n’avait rien d’autre. Rien. Juste le souvenir. De ses parents, de Vincent. Le Fleuve n’avait rejeté aucun corps.

Vincent se sentait faible. Comme en apesanteur. Les sons étaient diffus, la lumière blanche. Il réussit à ouvrir les yeux. Une face de berger à la barbe blanche, au dessus de lui, lui souriait.
« Mon dieu ! » s’exclama t’il.
Le visage sourit encore plus et éclata de rire.
« Diantre mon fils, tu me fais un bien grand honneur … mais je ne suis pas celui que tu penses »
« Je suis juste le père Cézaire … On t’as recueilli dans un champ près du diocèse … Tu délirais … fiévreux … avec une estafilade sur le coté droit du corps … C’est notre infirmier qui t’as recousu … Tu verras, c’est pas trop vilain … »
Vincent commençait à réaliser … Finalement, peut être que son ange gardien s’était réveillé … Il se laissa retomber sur son lit … Peut être que …