Demain je lui dis.
Je lui dis tout le mal que ça me fait. Tout le bien que ça me fait.
Demain je lui dis.
Je lui dis que je ne voulais pas. Que j’ai tout fait pour en rester éloigné. Que malgré tout le mal que cela laissait entrapercevoir, l’infime trace de lumière qui s’en échappait m’a attiré plus que tout.
Je lui dis que j’en avais tout l’intérieur retourné. Que tous mes efforts furent vains pour y échapper. Que son regard, ses défauts, ses qualités, …, enfin que tout en elle me captivait.
Je lui dis que je ne suis pas arrivé à prendre mes distances. À voir que cela me menait à ma perte une nouvelle fois.
Demain je lui dis.
Je lui dis que je vais la blesser. Je lui dis que nous allons dorénavant devoir marcher sur des chemins qui ne seront plus parallèles. Des chemins qui nous seront propres. Qu’elle n’a rien fait. Rien.
Je lui dis que je ne suis qu’un sombre imbécile, qui n’a pas su mettre de côté son attirance. Je lui dis qu’il en est ainsi. Que ça me prenait tellement au fond de mes tripes. Que la douleur était telle qu’elle m’est devenue insupportable. Qu’entre deux maux, j’ai probablement choisis le mauvais.
Demain je lui dis.
Je lui dis que je l’aime.
Elle me répondra qu’elle non. Je ferais celui qui n’en est nullement offusqué, alors qu’un bain d’acide se déversera dans mes entrailles. Je lui ferais un dernier sourire en franchissant le seuil de sa porte. Comme d’habitude sur le pallier je me retournerai, porterai ma main sur ma bouche, et lui lancerai ce dernier baiser. Puis je descendrais l’escalier en me retournant, pour qu’elle ne voie pas les larmes qui s’échapperont de mes yeux, pour couler lentement sur mon visage blême. Pour qu’elle ne voie pas tous les efforts que je ferais pour imprimer à jamais cette dernière image sur ma rétine.
Demain je lui dis.
Dieu que je hais remettre à demain les choses que j’aurais du faire hier.
Demain je lui dis.
Ou après demain.