06 novembre 2005

Disparue


Nous sommes au milieu de la nuit. La tête câline qui me laissait un poids des plus agréable sur le haut de l’épaule, à la jonction de la poitrine, n’est plus depuis une éternité. Je ne saurais même plus me souvenir de son visage … Le temps, cet avaleur avide, l’a emporté dans ses entrailles …
Parfois, du fin fond de mon sommeil, ma main part derrière à la recherche de cette ancienne présence, mais ne trouve que le froid des draps … Alors, à demi éveillé, je la ramène vers moi et la case sous mon menton, puis reprend ma position fœtale et essaye (j’y arrive assez bien) de retrouver le doux apaisement du sommeil. Il arrive aussi, je ne sais pourquoi, de me battre contre une sensation de chute libre (pas bon ça …) à laquelle souvent je mets fin d’un brusque coup de pied ou d’un mouvement de bras, qui avec la rapidité d’un éclair, cherche lamentablement à se raccrocher à quelque chose … comme si mon lit était au milieu des cimes d’une forêts …
Enfin, tout ça pour dire que je crois que la tête câline, cette saleté qui finalement alla s’étendre sur une autre épaule, me manque un peu … M’enfin, nous atteignons les dix ans, …, je vais devoir à regret lui accorder la prescription … Mon ire virtuelle quant à elle, n’aura qu’à me faire choir tout aussi virtuellement au sein de mes rêves … si ça l’amuse … de toute façon, je suis passé maître dans l’art de me récupérer aux branches … Tiens, virtuelles … elles aussi …
Dîtes donc … Ne serais-je finalement pas un être virtuel vous racontant une vie virtuelle …
Franchement … suis-je au moins réel … Aïe … je viens de me pincer … C’est sacrément bien imité … La douleur, la rougeur … Balèze la programmation … Ou alors c’est vraiment réel … Et effectivement alors, … elle a disparue … Elles ont disparue … à jamais …
Et là, le réveil a sonné.

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