19 avril 2007

Ce qui ne fut


Elle ferme les yeux.
Elle les ferme à s’en faire mal.

Elle veut voir le Néant. Le gouffre sans fin. Le rien.
Il lui a fait si mal. Ils lui ont fait si mal. Elle veut oublier. Faire comme si tout cela n’avait jamais été. N’avait jamais existé. Juste un mauvais rêve.

Mais malgré ses yeux fermés, fermés si fort qu’elle en sent une douleur sourde, une larme s’échappe. Elle se souvenait toujours.

Elle rouvrit ses yeux. Le plafond était toujours aussi blanc. Elle passa sa main sur son ventre. Là où cet abruti avait posé ses mains, sa bouche.
Là où il était venu en terrain conquit, jouir du pouvoir qu’il avait eu sur elle.
Là où par un hasard amer, ils avaient conçu ce qui aurait du être et qui ne sera jamais.

Ses larmes se remirent à couler de plus belle. Limpides comme la plus belle rivière. Incapables d’emporter la douleur, juste de subtilement la diluer, de la transporter d’un lieu à un autre.

Il l’avait quitté dès qu’il avait appris l’impair. Triste et misérable père.
Enfin, il ne l’est plus. C’est surtout ça qu’elle pleurait souvent. La vie, sa vie ne lui avait pas permis de laisser dame nature tranquille.

Et dame nature revenait de temps en temps à son souvenir. Et elle pleurait. Comme ce soir. Elle posa sa deuxième main et se souvint.

Demain serait peut être meilleur. Elle referma les yeux. Mais plus si fort. La rivière devait couler ce soir. Couler pour purifier un peu l’atmosphère. Et elle se laissa aller. La nuit promettait d’être longue.

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