22 décembre 2008

Ô loin


Nul ne m’en est témoin
Mais c’est toi que j’aime
De tous mes théorèmes
C’est le plus cristallin

Paisiblement mes bagages
Se referment, le cœur en peine
Las, je vis en plein mirage
Contre vérité qu’on m’assène

Demain je disparais
Comme on dit « à jamais »
Loin de mon inverse
Et de mes tristes averses

Je quitte ta présence
Et te laisse mon absence
La verras tu seulement
Tellement je me mens

Nul ne m’en est témoin
Mais c’est toi que j’aime
Un stupide blasphème
Qui m’éloigne de ta main

Disparais au loin
Tu ne te retournes pas
Disparais au loin
Tu ne te souviens pas
Disparais au loin
Plus que le bruit de mes pas
Nul n’est au loin
Je ne t’oublierais pas.

17 septembre 2008

Natacha IV

Sous le soleil larvé de cette splendide plage, Natacha se laissa à s’adonner à ses douces caresses.
Son plaisir était réel, et ces vacances une joie non feinte. La complainte que susurrait ses lèvres magnifiques sous le joug des caresses expertes ne faisait que lui confirmer tout le bienfait et la clairvoyance du général. Il était évident qu’après sa dernière mission, elle avait bel et bien mérité cette récréation.

Au bout d’un certain laps de temps, la béatitude mainte fois atteinte, elle congédia la beauté mate qui se dégagea d’entre ses cuisses et s’en alla en lui laissant son plus beau sourire et une vision de croupe des plus parfaites.
Décidément le général passait à côté de quelque chose frisant le divin. Elle esquissa un sourire en pensant à cette soudaine mysticité. Que lui aurait t’il dit ? – « Voyons Natacha … ce n’est pas sérieux » … pique qu’il aurait sûrement accompagné de son petit sourire en coin.

Natacha venait de voir la beauté mate disparaître derrière un palmier. Elle substitua alors aux caresses expertes de la divine, celle non moins expertes du soleil. Il lui fallait parfaire son bronzage histoire de faire saliver de jalousie ce brave crétin de Youri.

Le soir, de retour dans son Bungalow, elle vit qu’elle aurait sûrement du demander une couche de plus à la divine beauté. Mais cela ne pouvait nullement remettre en question le délice de cette journée. Et dire que demain il lui faudrait prendre le chemin du retour.
Elle lorgna sur ses mèls. Elle les parcourut rapidement. Le général lui souhaitait une bonne fin de séjour. Elle y comptait bien. Et ce dès le repas. Une bonne bouteille lui serait même d’une aide précieuse …

Natacha se réveilla en sursaut. Son sixième sens qui l’avait jusque là laissé tranquille, venait de se mettre en marche. Elle tendit la main à droite et ne sentit que le vide. La beauté divine avait disparu.

Soudain, sur sa gauche, une forme jaillit et fendit l’air. La lame du couteau scintilla sous l’effet d’un rayon de lune et se rapprocha dangereusement de Natacha.
Cependant elle décocha un rapide mouvement de jambe qui fit dévier l’adversaire de sa trajectoire et temporairement de son but. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle s’était emparé de son poignard qui ne quittait jamais le dessous de son oreiller et se redressa sur ses pieds le long du lit. L’adversaire aussi. Il lui faisait face.
Personne ne bougeait.
Puis l’adversaire reprit son but et tel un éclair fit une tentative fulgurante, mais vaine, pour porter au cou de Natacha l’estocade finale.
Au lieu de cela, un léger gazouillis se fit entendre. L’adversaire lâcha son arme et porta ses mains à son cou. Natacha aperçut alors dans un soudain rai de lumière lunaire ce qu’elle savait déjà. Des petits jets de sang s’échappaient des mains qui enserraient leur propre cou.
Elle fit le tour de l’adversaire pour le voir de face. Des petites bulles de sang sortaient de sa bouche. Bouche qu’elle avait tant apprécié quelques heures auparavant. La divine beauté mate s’en allait vers le paradis. Ses péchés de dernières minutes ne pourraient pas l’en empêcher.
Natacha s’agenouilla face à elle et déposa un doux baiser sur ses lèvres purpurines. Elle lui promit de châtier ses commanditaires qui n’avaient su voir en elle le magnifique écrin qu’elle était. La beauté divine sembla sourire puis s’affaissa sur le côté gauche. Celui du cœur.

Le lendemain, lorsque le groom vint chercher les bagages, plus aucune trace de l’incident ne subsistait. Le général avait encore le bras long. Le groom lui remit une enveloppe qu’on avait déposée à son intention à l’accueil. Dedans elle y trouva une note manuscrite du général. Ce dernier lui répétait encore une fois de faire attention « Natacha, je vous le répète, les cosaques attaquent, …, comme des lâches, où que vous soyez […]. ».
Elle sourit. Une fois de plus le général avait raison. Elle hâta le pas afin de rattraper le groom. Elle était impatiente de se mettre en chasse des commanditaires.

02 août 2008

Malpoisse



Par devant ou par devers moi
Il faut croire que je l’ai fâché
Cet individu au nom multiplié
Pour qu’aussi lourde soit ma croix

Je la porte depuis si longtemps
Que l’idée d’espoir au dedans
Semble être une source tarie
Coin de terre aride, sans vie

J’avais pourtant semé, cultivé
Mais rien n’y fait, pas de chance
Oui, rien n’a réellement poussé
Juste pour seule récolte le silence

Mais je ne suis pas à plaindre
Je ne suis victime que du sens figuré
Ceux du sens propre, par milliers
Mon être parfois les entend geindre

Et que croyez vous que je fasse
Rien, juste une larme fugace
Ma vie d’égoïste bien meilleure
Finalement que la meilleure des leurs

Par devant ou par devers moi
Il faut croire que j’ai les yeux fermés
Sur ces individus aux noms oubliés
Plus légère s’en trouve ma croix

Ma conscience se chargeant
Comme elle le peut du surplus
Espérant qu’un jour n’en pouvant plus
Humain je redevienne au dedans.

22 avril 2008

En amoureux


Je veux partir en vacances en amoureux.

Je ne veux plus partir seul, sans personne. Perdu au milieu de notre planète, dans des endroits connus ou inconnus.

Je ne veux plus partir seul.

Le hic, c’est quand tu es seul.

Que faire … Ne plus partir, rester immobile sans nulle part ou aller. Hors de question.
Alors il faut composer avec la situation.

Dorénavant je ne partirai en vacances qu’en amoureux. Au diable si le célibat plus ou moins forcé (on me dit que l’on a que ce que l’on mérite !) fait que les éléments de l’équation me sont défavorables.

Car j’en ai marre de voir des lieux, des personnes, des situations ou je ne sais quoi d’autre qui ne servent qu’à nourrir mes seules émotions, mes seuls souvenirs. Je veux voir avec les yeux de l’être aimé, je veux qu’il voit avec les miens … en un mot que l’on partage, que l’on échange et que de temps en temps nous communions. Rien de moins que cela.

Alors que les aléas de mon existence face que je sois seul a certains moments, je m’en contrefous. Car je suis amoureux. Je suis amoureux de celle qui ne m’aime pas. Je suis amoureux de cette merveille que j’ai croisé là si ce n’est ici.
Je ne voyagerais plus seul. Je voyagerais avec une belle (pour de vrai !) dans le meilleur des cas, mais dans le pire sachez que j’aurais toujours dans mon cœur, dans mon bagage une compagne en tête. Quand bien même soit-elle virtuelle, je lui ferais tout partager pour ne plus jamais rien regretter, pour ne plus jamais rien garder pour moi.

Certains penseront que je suis cinglé, bon pour la camisole et les petites pilules roses, mais il n’en est rien. Je veux juste ne plus être seul loin de chez moi (quand chez moi peut aussi bien être le monde entier … l’idée de propriété n’étant qu’illusoire, le sapin se chargeant de nous le rappeler …). Alors qui que tu sois, celle que j’aime et qui ne m’aime pas ou cette charmante inconnue qui enchante mes sens, je t’emmène avec moi à partir de ce jour (je sais je frôle la dictature … je vis dangereusement ma vie de despote …).

Après si la virtualité concède à s’effacer pour devenir réalité, crois tu qu’un homme plus heureux que moi, ivre de ses jours merveilleux se succédant les uns aux autres, puisse de son pas fouler ton sol devenu si nourricier ?

Je n’entend pratiquement pas la réponse … je la connais déjà … elle est dans mon cœur …

Je ne partirais plus seul en vacances.

29 février 2008

Les autres


Encore un autre …
Toujours un autre …

Il est vraiment dommage que je ne sois jamais cet autre.
Il est vraiment dommage, lorsque j’éprouve une attirance particulière pour une autre, que ce ne soit jamais vers moi que la réciproque soit. Soit !
Toujours et encore pour un autre.

Alors je cherche ce que ces autres ont de plus, ont de différent.
Ces autres que j’aime, que je chéris et qui choisissent d’autres que moi, je les interroge, les questionne, les sonde …
Et à les croire … je serais trop bien … je ne mériterais pas ça … je ne suis pas leur type … Bref incompréhensible !

Je suis celui qu’on nomme le meilleur ami … celui avec lequel les autres que j’aime n’envisagent pas l’once d’une seconde la moindre relation.
Que je suis fou … que je gâcherais tout … je gâcherais une relation si rare …

Encore un autre.
Toujours un autre …

Je ne suis jamais un autre … je ne suis que moi …
Marre des autres !

29 janvier 2008

Petit diable


Tapi sournoisement … il est là … ce sale petit diable. Et il rit des vilains tours qu’il me joue …
Si petit et si bien planqué au fond. Rien à faire pour s’en débarrasser. Feindre de ne pas l’entendre, de ne pas le voir. Mais comme tout, c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Il est branché sur mes nerfs auditifs et optiques.

Et puis il a des complices. Ce n’est pas possible autrement.
Ce soir j’entends sa voix dans le combiné. Elle me demande comment ça va. « Bien … enfin on survit … » que je réponds comme un effronté. Alors que je hurlerais bien autres choses … des horreurs qui se passent là en bas, au fond des entrailles, …, des vibrantes douleurs qui turlupinent (c’est pas humain … à ce niveau là, non !!!) les méandres de mon âme …

Je me demande si je ne suis pas damné … condamné à être le Arlette des amours improbables … et qui lutte … qui lutte … en vain … les dès étant pipés …
Putain j’avais déjà fait 4 parties malheureuses … où comme un vulgaire looser je m’étais ramassé de la plus pathétique manière … sans aucun brin d’élégance. Alors là … le sol … au niveau de la mâchoire … j’ai encore plus de mal à l’encaisser.

Tapi sournoisement … il est là … ce sale petit diable. Il sait qu’il a encore gagné … et qu’il va pouvoir remuer son sabre dans ma plaie béante. Je hais ces moments … qui durent en plus des mois … des années pour les plus cruels. Et dire que ça vient juste de commencer … putain !

15 janvier 2008

Le miroir


J’appuie sur le bip. La voiture, telle une bonne amie me répond en me faisant un clin d’œil orange. C’est bien la seule.

Je viens de sortir du cinéma. Un polar sombre, lugubre. Sans réelle histoire d’ailleurs. On ne sait pas vraiment pourquoi, et à la fin, pour être honnête, on n’en sait guère plus.
Je me dis que c’est comme ça. C’est peut être comme ma vie. Pourquoi est t’elle comme ça. Il n’y a vraisemblablement aucune explication. Du moins moi je n'en ai pas encore trouvé.
Ce qu’il y a de magique avec le progrès technologique, c’est qu’en certaines occasions on ne le maîtrise pas. Pour preuve, une fois la voiture démarrée, le titre qui s’est mis a tourné dans l’habitacle répond au doux titre de « bleeding heart ». Une charmante attention de monsieur le destin. Capricieux, le destin. N’est t’il pas.

Mais où en étais-je. Ah oui, je sors du cinéma et je suis dans la voiture. Et la musique.
J’en ai pour environ une demie heure. De quoi laisser mes pensées vagabonder. Et manque de bol, en ce moment, dès que je leur laisse 5 minutes … hop elles rappliquent. Bon, je me dois de préciser qu’en ce moment le moral est plutôt au niveau des chaussettes (et encore, c’est parce qu’il n’y a rien de plus bas). Vous savez, un homme aime une femme, la femme ne l’aime pas, et la femme en aime un autre. Pas franchement la rigolade, quoi !

Bref l’homme est dans une phase que je qualifierais de maussade. Encore plus quand on sait que la femme est, à pas grand-chose prêt, sa meilleure amie. Oui … je sais … le mauvais plan. Le karma à la « When Harry meet Sally ». Bref, l’homme file sur l’autoroute urbaine, le régulateur calé sur 110. C’est le maximum autorisé.

Et puis on va arrêter avec l’homme. L’homme c’est moi. On va finir par se croire dans un synopsis pour un film d’art et d’essai.
Je roule donc vers mon chez moi. Et l’idée entêtante que je doive éviter comme la peste de me retrouver dans les mêmes endroits que la femme (là, « la femme » ça le fait … j’ai dis que ça le fait !) revient à mon esprit. Je croise les doigts pour qu’elle ne m’appelle pas. Déjà cinq jours. Et si possible, si elle appelle, qu’elle tombe sur mon répondeur. Je sais l’homme est lâche. Désolé. Je suis lâche.

En fait … pas tant que ça. Mais « la femme » est dans une période de bonheur. L’autre (Mais l’homme qu’elle aime … faut suivre un peu !), l’homme de sa vie, elle le conquiert. Pour vous dire, ça aussi, ça me fait mal. Je suis du genre « meilleur ami ». Celui qui n’a aucune chance. Jamais. Le titre le moins glorieux pour un homme sur cette planète. On vendrait presque son âme au diable pour être un homme comme un autre, nous les « meilleurs amis », les «t’es comme mon frère » (autre catégorie pourrie). Tout sauf ça.

Mais enfin, j’en suis là. À esquiver. Et son anniversaire qui approche. J’ai au maximum une semaine pour trouver une excuse en bois, mais qui fasse l’illusion du platine. Je roule et je pense à ça. Et rien ne vient. Je pense juste que ce n’est pas juste. Je pense que c’est toujours sur moi que ça tombe. C’est vrai, les femmes que j’ai vraiment aimé, je dis bien aimé, ne m’ont jamais mis ailleurs que dans la case meilleur ami. D’ailleurs, alors que je roule, les lumières du centre commercial m’illuminent de côté, et m’éclairent sur mes relations avec les précédentes, qui se sont toujours terminées brusquement. De mon fait ou non. Je sens le mauvais présage. Ça se trouve, je ne la reverrai plus. Qui sait. Pas moi en tout cas. Quitte à souffrir, à passer un sale quart d’heure, des mois d’angoisses et de questions existentielles à la con, je préfère être tout seul.

Je mets mon clignotant, je dois prendre la sortie avant le tunnel, j’arrive chez moi. Devant la porte du garage de mon HLM, j’appuie de nouveau sur un bip et la porte s’ouvre (Ah … si tout pouvait être aussi simple. « Clic » et hop … le bonheur !). Parking souterrain. Il n’y fait jamais jour, la lumière y est artificielle. Je me gare et coupe le contact. La musique continue à tambouriner dans les portières. Elle ne s’arrêtera que lorsque j’ouvrirais cette dernière. Je ne me rappelle plus le titre. Je regarde dans le rétroviseur. J’ai pas bonne mine.

C’est bizarre, c’est dans ces moments là (solitude de l’être seul face à la route …), que je me dis qu’il n’y a pas meilleur miroir que notre âme. A première vue, on n’y penserait pas. Mais j’avoue que parmi toutes les idées qui traversent mon esprit, bonnes ou mauvaises, il y a quelques perles cristallines recélant ce qui est de plus profond à l’intérieur de mon être. Je suis mon propre miroir. Assez égocentrique comme concept, mais j’y adhère tout de même.
Mais je m’en passerais. Une once de bonheur, de foyer chaleureux me suffirait amplement pour remplacer cette navrante réalité.

J’ouvre la portière, le silence se fait soudain. Je sors de la voiture, et appuie de nouveau sur un « bip ». Double clin d’œil de ma voiture (c’est encore et toujours la seule à le faire !). En bas de l’immeuble, les jeunes sont dans le hall. « Mytholand » qu’il s’appelle le hall. Parfois je me dis qu’avec mes divagations, j’y aurais ma place. Mais je crache trop mal, et je ne me suis toujours pas décidé à interpeller mes amis par « Eh, fils de pute vient voir », voire plus succinctement par « Eh bâtard ».

J’entre dans la salle de bain. Je vais me laver les dents. Le miroir me renvoie une image qui ne m’enchante pas. Evidemment, si on part de là …




FIN