28 septembre 2005

Le manège désenchanté


Tourne, joli petit manège
Tournez, petits chevaux de bois
Entraîné par ce sortilège
Mon coeur est aux abois.


Tourne, petite ronde infernale
Aux profondeurs abyssales
Dans lesquelles je me noie
A force de vivre sans toit.


Tourne, joli petit manège
Car comment saurais-je
Si sous ce manteau de neige
L’amour devient sacrilège.


Tourne, triste petit poème
Tourne, tourne sur toi même
Tourne le visage blême
A l’ombre de ceux qui s’aiment.





© babou – Juillet 1997

21 septembre 2005

Seul.


Vincent avait un cerveau. Je veux dire qu’il avait une tête avec un cerveau en état de fonctionnement. Jusque là, rien que de très normal. Cependant, à l’inverse des individus en cet âge avancé de la vie, il était seul. A l’intérieur comme à l’extérieur. De plus en plus, il se rendait compte que quelque chose clochait. Pas dans sa vie … En lui.

Il avait peu de souvenir, mais Vincent pensait que déjà à l’adolescence il était seul … Pas dans sa vie avec les autres, mais à l’intérieur de lui. Pas de manque d’amour parental ou autre, non. Mais c’était inhérent à sa personne, il se sentait seul. L’amitié autant sacré pouvait t’elle être, il sentait comme un vertige, un malaise. Il avait déjà au fond de lui une projection de l’avenir, qui ne s’annonçait pas des plus faciles. Ses premiers pas dans la vie active ne firent que confirmer cet état de fait. Les amis, s’éloignèrent peu à peu entrant eux aussi dans leur dure condition de salarié, esclave des temps modernes, esclave d’un projet de société, véritable feu de paille aux yeux de la masse. Vincent s’enticha de nombreuses personnes, mais aucune qui ne l’aima vraiment. Peu à peu son âme abandonna … à quoi bon, si les raisons premières d’une relation n’était jamais là … Les amis s’éloignèrent encore un peu, en montant des familles SARL, SA, voire SNC dans le meilleurs des cas … Il ne pouvait que leur souhaiter l’expansion économique.

Mais lui, il était en train de perdre la flamme, le truc soit disant éternel qu’on lui avait remis le jour de sa conception. Il lui restait en tout et pour tout 2 à 3 amis fidèles, mais ils se voyaient très peu, faute à la vie … Il était toujours heureux de les revoir, mais cela devenait de plus en plus rare. Il n’y avait plus d’amour dans sa vie. Plus personne pour lui en donner. Pas celui des parents, des amis, …, finalement il n’en manquait pas, mais personne à serrer entre ses bras, personne à réconforter en cas de chagrin, personne … personne qui ne l’aimait.


Vincent avait à peu près vraiment aimé que trois personnes. Trois désillusions totales. Des plus ou moins dures. Les deux premières plus délicates, la dernière en date, franchement, seul lui était à blâmer. Il le savait. Aujourd’hui, il sentait confusément que quelque chose clochait à nouveau sur ce plan. Indiciblement il pressentait qu’il était près d’une nouvelle désillusion. Que faire ! La solution, de s’éloigner rapidement s’imposa d’elle-même. Encore un peu plus seul, mais que voulez vous, Vincent avait le don de s’amouracher de personne peu encline envers sa personne. Vincent venait de prendre sa décision cette nuit. Il allait sûrement peiner son amie, elle ne comprendrait pas, mais il valait mieux. Elle commençait une nouvelle relation, lui ne pouvait pas rester là tel un chandelier. Partir. Voilà. Vincent était un véritable handicapé de la vie. Il le savait, et cela lui faisait mal. Très mal. S’il n’avait pas son ulcère pour ses 40 ans, c’est qu’il ne comprenait vraiment rien. Ca ne l’étonnerait pas d’ailleurs. Il ferma les yeux, et vit le gouffre. Vincent su à cet instant d’où il venait, du Big bang originel, et qu’il allait y retourner un jour. Entre les deux, il fallait remplir, et il était mauvais dans cet exercice. Bêtement il se dit que peut être un jour il se remettrait à l’ouvrage, sans trop y croire. Il se retourna, regarda par la fenêtre, le soleil était dans le ciel, il irait faire un tour cet après-midi. Seul.

15 septembre 2005

Paysage


Je me suis perdu dans ce paysage
Qui dessine de ses contours un visage
Qui de ses couleurs chatoyantes l'anime
A la vie, à la mort, voilà le bel hymne.


Au milieu de nul part, perdu
Je déambule le long de ses vallées,
de ses courbes gracieuses et imprévues,
Où mon âme se sent si apaisée.


Et si le soir, à la nuit venue
Je ressemble à un ange déchu
Sur lequel rien ne semble avoir prise


Au matin, dés que pointe l'aurore
Et qu'apparaît le paysage, ce doux trésor
L'espoir déploie une nouvelle fois son emprise.





© Août 1997 - Babou


07 septembre 2005

Songe végétal


Un jour j’en aurais une. Si. Une belle et élégante fleur.

En plus ça ne sera pas la fleur de Monsieur tout le monde. Non. Je planterai moi-même la graine, je la déposerai dans les entrailles d’une terre fertile. J’y mettrai toute mon attention. Je la couvrirai du regard tandis que lentement elle sortira de sa matrice …
Je redoublerai d’égard tandis qu’elle poussera hors de son terreau, affrontant les intempéries du monde extérieur. Les tempêtes, les orages, la sécheresse n’auront pas de prise sur elle. Je serais là lorsque, après avoir fait ses premières feuilles, ses premiers pétales défieront la lumière du jour de leur éclat à nul autre pareil.

Je sais bien qu’un jour, viendra l’heure de se séparer. L’heure où sont pied à l’étroit devra se trouver un pot plus grand. Je l’aiderai dans ses recherches, la supporterai, mais un jour je sais, elle trouvera un pot à son pied. Alors, le devoir accompli, je m’éloignerai, regardant une dernière fois son éclat chatoyant au coucher du soleil, et je saurai que cette belle fleur portera un peu de moi pour son éternité.


Un jour j’en aurais une. Ainsi va la vie.

01 septembre 2005

Toujours par Surprise


Quel est ce sentiment
ce chant ensorcelant
au mille et un mystères
qui me ronge tel un cancer.

Quelle est cette douleur
cette mélodie du cœur
qui n’aura jamais de cesse
même le jour de la promesse.


Viens, dis moi, qui tu es,
susurre le moi au creux de l’oreille
de ta voix de miel,
viens, dis moi, qui tu es?


Ô trouble sentiment
enfin tu te révèles,
tu es là, bien réel
coulant en moi tel un torrent.

Ô délicate douleur
de tes épines tu m’effleures
et c’est pour l’éternité
qu’en moi tu renais.


Viens, dis moi le secret,
susurre le moi au creux de l’oreille
de ta voix de miel,
Viens, dis moi le secret.



© Août 1997 - Babou