21 septembre 2005

Seul.


Vincent avait un cerveau. Je veux dire qu’il avait une tête avec un cerveau en état de fonctionnement. Jusque là, rien que de très normal. Cependant, à l’inverse des individus en cet âge avancé de la vie, il était seul. A l’intérieur comme à l’extérieur. De plus en plus, il se rendait compte que quelque chose clochait. Pas dans sa vie … En lui.

Il avait peu de souvenir, mais Vincent pensait que déjà à l’adolescence il était seul … Pas dans sa vie avec les autres, mais à l’intérieur de lui. Pas de manque d’amour parental ou autre, non. Mais c’était inhérent à sa personne, il se sentait seul. L’amitié autant sacré pouvait t’elle être, il sentait comme un vertige, un malaise. Il avait déjà au fond de lui une projection de l’avenir, qui ne s’annonçait pas des plus faciles. Ses premiers pas dans la vie active ne firent que confirmer cet état de fait. Les amis, s’éloignèrent peu à peu entrant eux aussi dans leur dure condition de salarié, esclave des temps modernes, esclave d’un projet de société, véritable feu de paille aux yeux de la masse. Vincent s’enticha de nombreuses personnes, mais aucune qui ne l’aima vraiment. Peu à peu son âme abandonna … à quoi bon, si les raisons premières d’une relation n’était jamais là … Les amis s’éloignèrent encore un peu, en montant des familles SARL, SA, voire SNC dans le meilleurs des cas … Il ne pouvait que leur souhaiter l’expansion économique.

Mais lui, il était en train de perdre la flamme, le truc soit disant éternel qu’on lui avait remis le jour de sa conception. Il lui restait en tout et pour tout 2 à 3 amis fidèles, mais ils se voyaient très peu, faute à la vie … Il était toujours heureux de les revoir, mais cela devenait de plus en plus rare. Il n’y avait plus d’amour dans sa vie. Plus personne pour lui en donner. Pas celui des parents, des amis, …, finalement il n’en manquait pas, mais personne à serrer entre ses bras, personne à réconforter en cas de chagrin, personne … personne qui ne l’aimait.


Vincent avait à peu près vraiment aimé que trois personnes. Trois désillusions totales. Des plus ou moins dures. Les deux premières plus délicates, la dernière en date, franchement, seul lui était à blâmer. Il le savait. Aujourd’hui, il sentait confusément que quelque chose clochait à nouveau sur ce plan. Indiciblement il pressentait qu’il était près d’une nouvelle désillusion. Que faire ! La solution, de s’éloigner rapidement s’imposa d’elle-même. Encore un peu plus seul, mais que voulez vous, Vincent avait le don de s’amouracher de personne peu encline envers sa personne. Vincent venait de prendre sa décision cette nuit. Il allait sûrement peiner son amie, elle ne comprendrait pas, mais il valait mieux. Elle commençait une nouvelle relation, lui ne pouvait pas rester là tel un chandelier. Partir. Voilà. Vincent était un véritable handicapé de la vie. Il le savait, et cela lui faisait mal. Très mal. S’il n’avait pas son ulcère pour ses 40 ans, c’est qu’il ne comprenait vraiment rien. Ca ne l’étonnerait pas d’ailleurs. Il ferma les yeux, et vit le gouffre. Vincent su à cet instant d’où il venait, du Big bang originel, et qu’il allait y retourner un jour. Entre les deux, il fallait remplir, et il était mauvais dans cet exercice. Bêtement il se dit que peut être un jour il se remettrait à l’ouvrage, sans trop y croire. Il se retourna, regarda par la fenêtre, le soleil était dans le ciel, il irait faire un tour cet après-midi. Seul.

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