06 juillet 2005

La voix du destin (partie 2)


La voix du destin. (2)



- Est t’elle revenue ?

- Oui. Et encore plus méchante, plus remplie de haine qu’auparavant. Ma grossesse fut d’ailleurs un calvaire que j’ai toujours pris soin de cacher à Vincent. Il était si heureux à l’idée de devenir papa. Moi je sentais que j’allais finir pas commettre l’irréparable. Il m’était devenu de plus en plus insupportable de vivre avec la voix.

- Alors vous avez décidé de le tuer.

- Pas moi … mais la voix oui. C’est ce qu’elle me demandait depuis le début. Cependant pendant quelques mois je fus presque tranquille. Il semblait que la voix avait un ennemi. Un adversaire qui était de mon côté.

- Ah bon !

- Oui, parfois j’entendais la voix en pleine discussion houleuse avec une autre … mais qui semblait plus lointaine … Elle semblait en colère … Mais la voix lui disait toujours « Tais toi abruti, tu as parié … Tu me laisse faire » … Mais j’étais alors tranquille pour deux ou trois jours.

- Je suppute que la voix « amie » a été mise K.O.

- Pour une fois, je pense que vous avez compris quelque chose. Vous n’auriez pas un verre d’eau.

- Bien sur. Messonnier, allez me chercher un verre d’eau pour Madame Indulgente.



Sans m’en apercevoir, je commençais à comprendre l’éloignement de ma femme. J’en avais les larmes aux yeux. Tout comme je ne m’étais pas aperçu de la présence de deux individus, que j’apparenterais à des anges, si tant est que les anges n’aient plus d’ailles. Ils semblaient léviter. Ils écoutaient avec attention ce qui se passait dans la petite lucarne. Un rire leur échappait parfois.


- Voilà votre verre d’eau Madame Indulgente.

- Merci beaucoup.


Après avoir laissé Sonia finir tranquillement son verre, le commissaire lui demanda de raconter la suite.

- Comme vous devez sûrement vous en douter, La voix est revenue de plus belle. Plus menaçante. Elle disait qu’elle s’en prendrait à ma fille si je ne suivais pas ses ordres. Et moi j’avais l’impression que j’allais finir pas vraiment devenir folle. Alors malgré tout l’amour que j’avais pour Vincent, j’ai décidé de le tuer radicalement en suivant les ordres de la voix, afin d’avoir la paix. Je m’étais convaincu que je le faisais par amour. Cela détruisait notre couple. Je me suis hélas menti à moi-même. De toute façon le mal est fait.

- Qui vous a fourni l’arme ?

- La voix. Elle m’a dit d’aller dans le tiroir de la commode dans la salle à manger. Que j’y trouverais de quoi résoudre mon, problème.

- Et vous y avez trouvé le revolver !

- Oui. Il était chargé. Je n’avais plus qu’à l’utiliser. J’ai hésité encore deux ou trois jours en voyant Vincent jouer avec notre fille. Si vous les aviez vu, vous sauriez que je n’aurais pas pu tuer mon mari sans cette fichue voix.

Et elle éclata en sanglot. Elle savait sa vie gâchée à jamais. Elle ne savait pas au nom de quelle force elle avait agi, mais cela dépassait l’entendement humain. Elle sentait au plus profond d’elle, qu’elle avait été manipulée sans que personne puisse réellement la croire. Mais il était trop tard pour réfléchir à ça. Elle reprit alors son récit, après s’être essuyée les yeux du revers de la main.

- Alors … le vendredi, au coin de la ruelle qui longe la maison, je l’ai attendu. Il était là, exactement à l’heure que la voix m’avait prédite. Dès que je l’ai aperçu, une force irrésistible s’est emparée de moi et j’ai tiré jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de balles. Je l’ai vu s’écrouler et je suis rentré chez moi.

- C’est tout !

- Oui, la voix m’a seulement dit de cacher l’arme chez moi. Que jamais la police ne me soupçonnerait d’un tel geste. Puis elle est partie. Je ne l’ai plus jamais entendue depuis ce jour. La suite vous la connaissait, puisque c’est vous qui m’avez arrêté.

- Oui, nous n’écartons jamais une piste.

- La voix avait tort. Elle me piégeait une fois de plus, constata t’elle amèrement.

- Messonnier, voulez vous bien apporter la déposition de Madame Indulgente, afin qu’elle puisse la relire et la signer.


Sonia était là, assise au milieu de ce sinistre bureau. Le commissaire et son adjoint sortirent de la pièce. L’adjoint s’empressa de demander à son supérieur.

- Vous croyez vraiment que ce qu’elle dit est vrai ?

- Je n’y crois pas beaucoup. Même pas du tout.

- Vous ne croyez pas qu’elle est un peu folle ?

- Probablement. Mais si elle s’en tient à cette version, elle finira sûrement dans un asile. Le seul point qui m’intrigue, c’est le revolver. Il n’a aucun numéro … Et quand je dis qu’il n’en a pas, c’est qu’ils n’ont même pas été limés, et qu’il ne porte aucune indication. Il ne ressemble à aucun modèle existant. Pas de marque de fabrique. Rien. Comme si elle l’avait fabriqué elle-même.

- C’est impossible.

- Je sais, mais la réalité est là.


Après cet échange, ils retournèrent dans le bureau. Sonia avait signé sa déposition. Ils la ramenèrent dans sa cellule.

Moi ? J’étais abasourdi, assis stoïque. Je n’en revenais pas. Ma pauvre puce. Je commençais à entrevoir ce qu’elle avait du endurer. Mais pourquoi ne m’avait t’elle rien dit. Le reste de l’histoire, ce sont les deux abrutis derrière moi qui me l’apprirent. Dés que Sonia eu fini sa déposition, ils commencèrent à se chamailler.

- Je te dis que tu as perdu ? Donne moi ce que tu me dois.

- Non, tu n’es qu’un tricheur …

- Non, je n’ai pas triché …

- Et l’arme … elle vient d’où alors ? hein ! On avait parié que tu ne devais pas l’aider matériellement. Tu devais seulement la pousser à tuer son mari un point c’est tout. Aucune aide matérielle. Juste un e aide technique …

- Prouve le !

- J’en parlerait à père … tu ne pourras pas lui nier la vérité.


Je n’en croyais pas mes oreilles. J’avais perdu la vie, ma femme et ma fille avaient leur vie de foutue à cause d’un stupide pari entre deux apprentis anges gardiens plus débiles l’un que l’autre. Une sourde colère monta en moi. Je me suis soudainement relevé, et me suis jeté sur eux, leur assénant au passage une magistrale gifle à chacun. Tout à ma colère, j’allais continuer un pugilat, lorsque un individu au genre saint Pierre se présenta. Les deux crétins n’en menaient plus très large. Je compris que ce devait être leur paternel.

- Alors sinistres abrutis, vous avez finalement remis ça. La dernière fois ne vous a pas suffit. Cette fois vous allez me faire six mois d’enfer. Le père Satan va vous mitonner un programme d’enfer …

- Ce n’est pas juste, c’est lui qui a triché …

- Taisez vous … je ne veux pas la savoir … Vous êtes la honte des anges. Disparaissez et présentez vous demain chez Méphistème, elle vous donnera les outils nécessaires à votre séjour en enfer. Allez ouste.


Et ils s’évanouirent dans les airs. Je me retrouvais là avec un patriarche, abasourdi par ce que je venais d’entendre. Devant ma mine défaite, l’homme mit sa main sur mon épaule, et tout en m’invitant à le suivre, me dit :

- Je suis sincèrement désolé. Je ne peux revenir en arrière. Mais nous veillerons à ce que tout se passe pour le mieux pour votre femme et votre fille.


Il était désolé. Et moi alors j’étais quoi. Je ne su pas quoi lui répondre. Je ne pu que le suivre. Je me retournais une dernière fois vers l’écran. Le visage de Sonia y était en gros plan. J’entendais même ses pensées. Elle y répétait à l’infini la même phrase, « pardonne moi chéri ». Et comment qu’elle était pardonnée.

Fin

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