31 décembre 2006

Stroboscope


Les lumières scintillent
Des éclairs si futiles
Rouges, jaunes ou verts
Au son du trouvère


La vie se trémousse
On y va de sa secousse
Véritable danse du cygne
Parfois vils coqs misogynes


Mais tous viennent oublier
Les petits et grands malheurs
Si ce n’est les bonheurs
Le cœur vient exulter


Et qu’à l’aube mon amour
Au coin d’une arrière cour
Nos regards tout embués
Nous laisse nous aimer.




© Babou – 12/2006

05 décembre 2006

De circonstance

Merde !
Fred venait de raccrocher. L’appel n’avait pas dépassé les 20 secondes. Justine était encore occupée.
Ça faisait deux mois qu’elle était toujours occupée. Il lui semblait qu’elle cherchait plus à le fuir qu’autre chose. En tous cas, si ça n’en avait pas l’air, c’était rudement bien imité.

Fred ruminait sa mauvaise humeur. Il avait mis si longtemps à l’admettre. Mais la réalité des faits était là. Il était doucement et sûrement tombé amoureux de Justine.
Et voilà qu’aujourd’hui elle prenait la tangente. Elle n’avait plus une seconde à lui accorder. Plus une seconde pour sortir tous les deux. Quand il l’appelait elle n’avait soi pas le temps, soi elle n’était pas seule et ne pouvait lui parler.

Il finit enfin pas s’avouer, à moins d’être réellement parano, que l’histoire semblait bien finie.
Mais même ça elle ne lui disait pas. Ils n’en étaient plus qu’à banalement se demander mutuellement si tout allait bien. D’où des conversations à la tenue hautement passionnante et d’une durée défiant toute concurrence. Fred ne voyait pas pourquoi ce serait à lui de le dire. Dire que tout était terminé. Qu’il valait mieux ne plus se voir.
Lui il l’aimait. C’est elle qui ne l’aimait plus. À elle de le dire. À elle de le laisser tomber. À elle de lui faire comprendre. D’ailleurs c’était peut être ça la technique. Ne pas lui dire. Installer un tel malaise, qu’il s’en aille.

Il en était meurtri s’ils devaient en arriver là. Ils avaient tant partagés ces dernières années. Du bon et du moins bon. La vie en somme.
Et voilà que la fin approchant, lui semblait tellement pitoyable.
Il remit son téléphone dans sa poche intérieure. Il se dirigea vers la gare la plus proche. Il prit un billet pour Bruxelles. Il y passerait le Week-end. Il y pleuvrait sûrement. Un temps de circonstance.

En sortant sa décision était prise. Elle n’avait qu’à l’appeler. Dorénavant, il le savait, il serait seul. Ça ne le changerait pas beaucoup en fait. Il était même prêt à parier qu’il coulerait de l’eau sous les ponts avant que son numéro s’affiche sur l’écran de son portable. Il soupira, las. Désespéré. A quoi bon. Il venait de faire un nœud sur son amour. Il resterait au secret, au fond de son cœur. De son âme. Il releva son col. Il pleuvait. Normal. Juste un temps de circonstance.

08 novembre 2006

Le crime parfait


Le crime parfait il y rêvait. Mainte fois son esprit fatigué avait mis sur pied des plans machiavéliques. Mais ce n’était que de la théorie, il le savait.

Il se rappela les racines de cette envie. Comment au fond de lui cette flamme avait grandi. Comment il l’avait nourrit corps et âme. Mais il n’était jamais passé à l’acte.

Car plus il nourrissait et chérissait cette envie, plus une nouvelle se faisait jour. Comment le monde pourrait avoir conscience de son acte. Quelle gloire en retirerait t-il finalement, si ce n’est d’avoir qu’un triomphe personnel et interne. Trop fade. Pas assez jouissif.

Alors, il se dit qu’il fallait faire dans le grandiose. L’horreur absolue. Ce qu’ils lui avaient fait intérieurement, ils le subiraient dans leur chair. Et cela ne devait surtout pas rester anonyme. Au contraire. Il fallait que la plus grande publicité y soit faite.

Ça faisait maintenant dix jours que cet homme et cette femme pendaient nu au fond de la cave. Il les nourrissait tous les deux jours. Mais pas trop. Il aimait entendre leurs intestins se serrer lorsque la faim se faisait. Hier, après avoir parcouru des centaines de kilomètres, il avait postait la première lettre. Il savait qu’il y en aurait d’autres. Beaucoup espérait t’il secrètement.

Le lendemain les journaux publièrent l’annonce. Il ne faisait pas encore la une. Il savait qu’il faudrait qu’il fournisse une photo pour cela. Qu’il commence enfin à s’amuser. Donner à la populasse sa ration quotidienne d’atrocité et de chair fraîche. Il commença par la femme. La caméra était prête. Il entendait son léger sifflement et le moteur de l’autofocus lorsqu’il bougeait. Il approcha la lame de l’opinel de la flamme. Il manquerait plus que cela s’infecte et ne raccourcisse son plaisir.

Le femme hurla jusqu’au moment où elle s’évanouit. Le mamelon gauche en moins. Il remit la lame sur la flamme. Une fois la lame de l’opinel bien rouge, il cautérisa le bout de sein dégoulinant de sang. La femme se réveilla en hurlant. C’était fini pour aujourd’hui. Il lui remit son bâillon. Demain il passerait à l’homme.

La presse publia une photo. Il avait la une. Il faisait la une. Il constata que le cliché rendait très mal sur papier journal. Il faudrait qu’il leur dise pour la prochaine fois. Il descendit à la cave. Il prit un cutter et se dirigea vers l’homme. Il lui saisit le bras. Il enfonça la lame dans l’avant bras et fit une entaille de 15 centimètres. Il se dépêcha ensuite de verser l’alcool … La plaie saignait abondamment. Il ne pensait pas que ce serait si compliqué de stopper l’hémorragie. Finalement tant bien que mal, il y arriva. Il se mit même en devoir de recoudre la plaie. Il prit une aiguille, la chauffa et reprisa l’avant bras comme une vulgaire chaussette. Pour finir il reversa un peu de désinfectant. Il faisait un peu humide dans cette cave. Le soir, il donna un steak à l’homme. Il avait besoin de reprendre quelques forces. Ce n’était pas le moment qu’ils cannent ces enculés. Pas encore. Après avoir assené quelques droites à l’homme qui ne mangeait pas assez vite à son goût, il s’occupa des parties charnelles de la femme. « Tu vois, ce soir … j’ai été gentil » lui dit t-il, en retournant à ses occupations.

Deux jours plus tard, la demande s’étalait sur toutes les manchettes. Le monstre réclamait un don d’un euro par français. Si d’ici 10 jours, le tiers de cette somme ne se trouvait pas sur un compte d’un paradis fiscal qu’il transmettrait aux autorités en temps utiles, le calvaire de l’homme et la femme deviendrait chaque jour plus atroce. Et les journaux de rappeler que l’homme avait été la veille amputé d’un testicule. Testicule envoyé avec une vidéo au journal « Choc ». Quelques articles se demandant « Mais que fait la police ? » et d’autres à chercher si les français donneraient 1 euro pour sauver deux personnes ou encore que faire avec 20 millions d’euros … Il referma le journal.

Il ne restait plus que deux jours. Il n’y avait toujours rien sur le compte. Pourtant il avait continué à s’amuser. La femme avait perdu un doigt de pied et l’homme pouvait dorénavant faire une croix sur le nettoyage de ses deux oreilles. De toutes les manières, ses doigts étaient d’une rare laideur. Et ils avaient enfin la ligne svelte dont ils avaient sûrement toujours rêvé.

Le lendemain de l’ultimatum, rien ne se trouvait sur le compte. Rien. Ils l’avaient pris pour un charlot ou quoi. Il descendit à la cave, et calma ses nerfs sur ses punching-balls humains. Ils étaient trop mal en point. Ils n’avaient quasiment plus de réactions. Cela faisait plus d’un mois qu’ils pendaient dans sa cave.
Alors aux grands maux, les grands remèdes. Il détacha l’homme. Il sortit une scie et lui coupa une jambe au niveau du genou. Le temps que sa tâche soit chevée, l’homme était mort. Hors de lui, il lui fila des coups de pieds de rage. « Enculé de cané … t’as choisi ton moment pour crever … ». Une fois sa crise passée, il remonta.

Merde ! Il ne lui restait plus que la femme … cette salope … il la haïssait … la maudissait … Puis il repensa au crime parfait. Finalement, en y réfléchissant bien, il se dit que le crime parfait se devait d’être un acte gratuit … Ils avaient bien fait de ne rien lui verser.

Il redescendit le lendemain à la cave. Il avait passé la matinée à faire le ménage. Du moins le peu qu’il y avait à faire … La femme était en vie … mais probablement dans un état de coma. Rien de ce qu’il lui faisait ne semblait déboucher sur la moindre réaction. Il se demanda s’il devait la couper en deux. Il avait acheté une tronçonneuse la semaine précédente dans ce but, mais à quoi bon … Réflexion faite, il posterait une lettre dans deux jours indiquant où venir récupérer les corps. Ça suffirait amplement. Il mettrait les autorités au défi de le retrouver … il les mettrait face à leurs responsabilités dans la mort de ces deux fins de race.

Six mois plus tard, l’affaire avait complètement disparu des journaux. Plus le moindre mot. Il se demandait s’il devait remettre un peu d’huile sur le feu. Provoquer. La police avait pour lui fait preuve d’une rare incompétence. Ils étaient même venus l’interroger. Oui il connaissait les victimes. Non monsieur l’inspecteur, je ne les ai pas revu depuis deux ans. Oui, il y avait une rumeur comme quoi ils auraient été amants. Peut être une histoire de jalousie. Mais à vrai dire, ce n’était peut être qu’une rumeur. Ah non. Heureux de l’apprendre. Ma voiture. En panne depuis 6 mois. Je prends les transports en commun depuis. Oui monsieur l’inspecteur, si je me souviens de quoi que ce soit je vous appelle.

Effectivement il se souvînt de plein de trucs. Mais il ne rappela pas l’inspecteur. Puis il ne remit pas d’huile sur le feu. Il se dit que c’était dangereux de remettre de l’huile. Il décida de passer à autre chose. Le crime parfait il l’avait fait. Du moins peut être. On ne savait jamais. La prescription, tout ça, …, il devait maintenant défier le temps. Faudrait tout de même qu’il aille récupérer toutes les vidéos. Qu’il les détruise. On ne pouvait jurer de rien.

Douze ans plus tard, lors de la prescription, il ouvrit une bonne bouteille. Sa conscience le taquinait de temps en temps. Mais cela restait supportable. Il n’était jamais retourné à la ferme abandonnée. Pas fou. L’assassin qui revient sur les lieux de ses crimes … très peu pour lui. Encore quinze ans et il serait à la retraite. Et il saurait au moins une chose. Que le crime parfait a existé. Et s’il y avait un enfer, il était sur que ce serait sa dernière demeure pour l’éternité. Deux certitudes, ça méritait d’être fêté. Et il finit la bouteille. Et avant de s’endormir, il se promit que le jour de son dernier souffle, il n'y penserait même plus. Et il le fit. Il fut atteint de la maladie d’Alzheimer peu après son 75ième anniversaire. Le crime parfait puissance deux en quelque sorte. Même son auteur ne s’en souvenait plus. Qui dit mieux.

08 octobre 2006

Dès lors


Dès lors que dehors
Le bruit monte sans fin
Dès lors que dehors
Le monde se réveille enfin

Mes rêves, mes espoirs
Rencontreront l’histoire
Mes maux, mes ennuis
Tomberont dans l’oubli

Mais est-ce vraiment ça
La clameur qui frissonne
Serait t’elle polissonne
Jusqu’à fuir mes pas

Dès lors que dehors
Le bruit monte sans fin
Dès lors que dehors
Le monde se réveille enfin

Qu’il laisse à nos mémoires
Mes nuits de cauchemars
Ses errances les plus noires
L’espérance pour étendard

Mais est-ce vraiment ça
La clameur qui monte au loin
Fourbe serait ce refrain
Jusqu’à fuir mes pas

Mais dès lors que dehors
Le bruit monte sans fin
Dès lors que dehors
Le monde se réveille enfin.


© 04/2006 by Babou

05 septembre 2006

Que la fin !


Vincent courrait aussi vite qu’il le pouvait … Mais on ne peut pas vraiment dire que toutes ces années passées dans la rue lui donnait un avantage dans la situation qui était la sienne.

Il entendait les sirènes des voitures au loin. Il avait quitté Florence dès qu’il les avait vus au bout de la rue.

Ils savaient qu’ils étaient sur leurs traces, mais ils pensaient pouvoir leurs échapper. Erreur.
Ils se retourna et aperçut le plus jeunes d’entre eux. Il était à peine 10 mètres derrière. Vincent déboucha sur le parvis. Il traversa une marée de pigeon, qui sembla retarder un temps son poursuivant le plus près. Il se retourna. Le jeune flic s’était mis à marcher.

Vincent continua, mais vit tout de suite le pourquoi de l’arrêt de la poursuite. Deux voitures de polices lui faisaient front au bout du pont. Le temps que son cerveau analyse la situation, il se retrouva au milieu du pont. Les flics lui hurlèrent les sommations d’usages et lui ordonnèrent de se rendre. Vincent essayait de réfléchir aussi vite qu’il pouvait. S’ils l’attrapaient, ils arrêteraient aussi Florence. Il fallait qu’il prenne tout sur lui. Qu'il lui laisse la chance de partir avec son jeune frère. Qu’elle puisse reconstruire le peu qui pouvait l’être. Lui, n’était qu’un exclu. Quelle valeur pouvait t’il avoir ?

Son regard croisa l’eau saumâtre qui s’écoulait sous le pont. Son corps prit son élan. Les flics du bout du pont regardèrent Vincent, puis la première détonation retentit. Plusieurs suivirent. Vincent cria. En l’air son corps parut perdre vie, puis au bout de l’hyperbole de son vol, il heurta la surface de l’eau avant de s’y engouffrer de tout son être et disparaître.

Florence était le long du quai. Elle hurla quand la première détonation claqua, et continua lorsqu’elle vit le corps disparaître. Cependant, par un instinct qu’elle ne s’expliqua pas, elle se tut rapidement. Elle resta là, figée, en sanglot à attendre que Vincent remonte. Mais il ne remonta pas. Les hommes grenouilles ne retrouvèrent pas son corps. On ne retrouva qu’un peu de sang sur la balustrade. Une balle au moins avait du faire mouche.

Les faits ne firent l’objet que d’un entrefilet dans les journaux. Florence réussit à emmener son frère en Espagne, espérant rejoindre le Maroc. Espérant retrouver Mohamed du côté d’Essaouira. Le projet était vague. Mais elle n’avait rien d’autre. Rien. Juste le souvenir. De ses parents, de Vincent. Le Fleuve n’avait rejeté aucun corps.

Vincent se sentait faible. Comme en apesanteur. Les sons étaient diffus, la lumière blanche. Il réussit à ouvrir les yeux. Une face de berger à la barbe blanche, au dessus de lui, lui souriait.
« Mon dieu ! » s’exclama t’il.
Le visage sourit encore plus et éclata de rire.
« Diantre mon fils, tu me fais un bien grand honneur … mais je ne suis pas celui que tu penses »
« Je suis juste le père Cézaire … On t’as recueilli dans un champ près du diocèse … Tu délirais … fiévreux … avec une estafilade sur le coté droit du corps … C’est notre infirmier qui t’as recousu … Tu verras, c’est pas trop vilain … »
Vincent commençait à réaliser … Finalement, peut être que son ange gardien s’était réveillé … Il se laissa retomber sur son lit … Peut être que …

17 août 2006

Natacha II


Natacha ôta son regard du corps nu étendu sur le lit. Un mince filet de sang coulait entre les lèvres de la jeune inconnue.
Hier encore, si pleine de vie, si brûlante de désir, et aujourd’hui bien plus reposée. Bien plus morte.
Natacha regarda l’heure, et se hâta d’aller prendre une douche. Le général devait arriver en fin de matinée. Il était donc préférable d’être fraîche et sur son 31.
Après sa douche, elle enfila son uniforme. Puis alluma une cigarette et se rendit à la fenêtre. Il n’était nullement question de l’ouvrir, les températures négatives étaient à cette époque suffisamment dissuasives de toutes exubérances. Mais les ports du nord de la Russie avaient ce charme climatique, qui faisait que leur grisaille quasi quotidienne ne poussait jamais à l’exaltation, à l’emportement de soi. De la mesure en tout, voilà ce qu’aurait sûrement dit le général s’il s’était trouvé devant cette fenêtre, à cet instant précis. La jeune Ouzbekt reposant sur le lit, n’avait pas eu le temps de faire trop de dégâts. Dommage qu’elle ne fût pas de leur camp, se dit Natacha. Elle avait du talent à revendre. Et dans bien des domaines, rajouta t’elle à son intention, une petite étincelle de lubricité traversant ses pupilles.
Natacha décrocha le téléphone, et composa un numéro que même sous les pires tortures elle ne se rappellerait pas. Elle y aboya des ordres bref. Puis elle jeta une dernière fois un regard vers le lit. Dans 10 minutes, tout au plus, un service de nettoyage viendrait nettoyer cette chambre. Arrivé sur le pas de la porte, elle se retourna, et envoya du bout des doigts un baiser vers le corps de l’Ouzbekt.
Une fois dehors, elle enfila rapidement son manteau. Puis elle prit la direction du restaurant « Kikourk », Alexandrov ne lui refuserait pas un bon petit déjeuner. Cette nuit l’avait aussi épuisé, et un bon repas la remettrait un peu d’aplomb avant l’arrivée du général.
Car elle le savait, le général lui répétait suffisamment, « Les cosaques attaquent » Natacha. Alors autant être à son maximum. Autant avaler un solide déjeuner. Elle tourna à l’angle de la rue et prit l’avenue Lénine en direction du restaurant. L’air était frais et vivifiant. Elle se répéta pour elle-même encore une fois la phrase délicieuse du général, « Les cosaques attaquent Natacha » …

18 juillet 2006

R


J’avance en marche arrière

je me libère de ma colère,
l’éternité ne peut exister
Car sinon,
je n’aurais pas de raison
d’être amer,
d’aimer à en mourir
l’ange de mes nuits,
celle qui sans le savoir
m’a donné mes plus beaux soupirs,
mes seuls souvenirs ...
Ô douce et belle étrangère
reviens un peu en arrière,
il faut que tu me libères,
viens entre mes lèvres
glisser un peu d’air, de ton air ...




© Avril 1999 by babou

12 juin 2006

Il pleuvait


Il pleuvait. Il pleuvait dans sa vie. De la misère, du rien, du vide, du néant. Quand elle fermait les yeux, l’obscurité ne lui procurait nul refuge. Juste la peur qu’un vilain croquemitaine ne vienne la tirer par les pieds. Et quand le jour se faisait, le monde devenait son ultime ennemi. Chaque brin de vie sur cette terre était pour elle un ennemi en puissance. Il n’y avait que des sombres esprits cherchant avec leurs petites joies, leurs infimes morceaux de bonheur à lui faire croire qu’il en était ainsi. Mais non. Non, elle ne se laisserait pas faire. Ils allaient voir de quel bois elle se chauffait. Sa mission elle la connaissait. Faire régner le monde du mal. De la noirceur. De l’obscur. Personne ne devait y échapper. Elle vivait une vie misérable, sans saveur, dans les ténèbres … il ne pouvait en aller autrement pour le reste de l’humanité.


Il pleuvait, il pleuvait dans sa vie. Sa voiture un soir fit une embardée sur une chaussée rendue glissante par cette pluie. Elle avait voulu éviter un chat. Chat qui hélas n’avait existé que dans son esprit perturbé. Sa vie se termina ce soir de pluie. Le lendemain, le soleil brillait dans le ciel. Il n’empêcherait pas la pluie de revenir, comme la pluie ne l’empêcherait pas de briller de temps en temps. Il en était ainsi. Ni tout bon, ni tout mauvais. Elle l’avait oublié. Juste oublié.

31 mai 2006

A confesse


Tant bien que mal je le confesse

je suis attiré par leur souplesse
par leur crue et douce délicatesse
oui, j’aime tes petites fesses.

De mes mains je les caresse
c’est là une de mes faiblesses
un pur moment d’allégresse
où je me noie avec ivresse.

Je suis un pervers
oui, mais de toi prisonnier
été comme hiver
je ne cesse de succomber.

Penses-tu qu’il soit malsain
d’adorer tes sublimes seins
d’aimer tous ces petits matins
où l’on se fait de tendres câlins.

Serais-je un moins que rien
à force d’admirer ta chute de rein
de voir en toi le plus bel écrin
qu’ai pu me donner le destin.

Je suis un pervers
oui, mais de toi prisonnier
été comme hiver
je ne cesse de succomber.



© 09/1999 by Babou

20 avril 2006

Une dernière fois.


Bastien se passa les mains sur le visage. Il soupira brièvement, et releva lentement son visage vers la fenêtre. Il y était. Encore une fois. Elle l’avait laissait tomber. Certes, ils ne s’étaient rien promis, mais quand même, le goût amer de l’échec restait là … un arrière goût permanent.
Une semaine qu’il n’avait plus de nouvelle. Une semaine qu’elle avait pris ses distances. Elle n’était pas dupe. Elle aussi avait du le voir. C’était évident. Bastien se dit qu’il aurait fait un bien piètre comédien. Incapable de masquer le moindre sentiment, la moindre affection. Pourtant il tenait à elle plus qu’il n’avait bien voulu l’avouer. Elle était ce qu’il n’était pas, et il était ce qu’elle n’était pas. Bastien croyait peu au « qui se ressemble, s’assemble ». Quelle absurdité. Avoir son reflet tous les jours. Il avait bien assez du sien. Certes, ils étaient différents, mais ils avaient en même temps de nombreux points communs. Pas l’un tout blanc, et l’autre tout noir.
Bastien se leva et alla à la fenêtre. Le plafond était gris. Comme une invitation à se replier sur soi même. A ne pas sortir dehors sous peine de se confronter au courroux céleste. Où pouvait t’elle être. Sûrement au soleil, bien au chaud. Le téléphone sonna, et le ramena un instant à la réalité. Il décrocha à la troisième sonnerie. Jacques, son supérieur, lui donna de quoi ne pas trop penser. Un dossier à étudier et à rendre pour hier. Bastien, descendit à la comptabilité, et prit le dossier en question. Il remonta dans son bureau et se mit à l’ouvrage. Etrangement il n’arrivait pas à complètement entrer dans celui-ci. Il alla chercher un café à la machine au bout du couloir. Il revint à son bureau et essaya de se replonger dans ce fichu dossier. Mais rien n’y fit, elle était toujours dans un recoin de son esprit. Il jura, s’énerva un peu, mais il n’arrivait pas à penser à autre chose. Et pourquoi aujourd’hui. Il n’avait pas le temps pour se permettre un tel luxe. Bastien finit par se remettre au travail, bâcla rapidement son dossier et le déposa vers 19 H 30 sur le bureau de Jacques, qui était déjà rentré chez lui. Il avait une petite famille lui. « Pas comme moi », se dit Bastien. Et là la question sournoise qui jaillit dans son esprit. N’ai-je pas une vie de merde. Ne l’ai-je pas foiré magistralement.
Célibataire à la vie affective surpassant de loin en superlatif le mot désastre, un travail qui finalement ne l’éclatait plus vraiment, une vie sociale au point mort. Bastien se dit qu’il n’y avait pas de quoi pavoiser. En arrivant au parking, il s’aperçut qu’il avait oublié son portable dans son bureau. Il se posa la question de savoir s’il devait aller le chercher. Il se dit que personne ne l’appelait. Jamais. Il monta dans sa voiture, et prit le chemin du retour vers son petit studio tristounet.
Pendant ce temps, le portable sonna et vibra. Mais en vain, son propriétaire n’était plus là. Bastien ne saurait pas qui cherchait à l’appeler. Numéro privé. Il ne saurait pas qu’elle avait essayé. Une dernière fois.

09 avril 2006

Désert


Tranquille, perdu dans mon désert
Assoiffé, seules mes larmes me désaltèrent.

Le vent aride me repousse au loin
Mais croyez moi, il le fait en vain.

Si bien souvent je tombe à genoux
Pour demander quand cessera le courroux

La lumière étincelante apparaît et me redresse
Car mon ange gardien jamais ne me laisse.

Ô doux climat, envahit tout mon être
Au coeur de ce désert fait la vie renaître.

Du bleu de mes yeux puise l’eau
Afin d’irriguer avec le plus beau des flots.

Tranquille, perdu dans mon désert
J’attends que tu viennes et t’y désaltères.


© Août 1997 by Babou

26 mars 2006

Ce con de jeu du "Je"


Face à elles, j’étais dans un état végétatif. Impossible d’exprimer le moindre sentiment, la moindre idée. Rien. Le vide. Le néant.
A l’intérieur de moi ça fourmillait de sensations, de désirs, d’attirances, de répulsions, mais rien ne dépassait les pauvres connexions neuronales de mon esprit. Un silence radio qui au fil du temps devenait de plus en plus insoutenable. Pourtant je n’avais jamais eu la langue pendue. J’étais juste quelqu’un d’un peu distant au premier abord … mais ça tenait plus de la méfiance, de l’analyse que d’une incapacité à communiquer.
Et avec le temps ça ne s’est pas arrangé. Du plus loin que je me souvienne, j’ai dès le début eu du mal à exprimer ce sentiment qui me prenait aux tripes … Bizarrement on appelle ça les affaires de cœur, mais pour moi, ça se situait un brin plus bas … c’était intestinal. Et ça l’est toujours. Bref, dès ma première « crise intestinale » j’ai été lamentablement incapable d’exprimer clairement ce qui bouillonnait en moi. Amis quelques années … et puis comme les marionnettes, ainsi font, font, trois p’tits tours et puis s’en vont.
L’inexpérience ?
C’est du moins ce que je me suis dis.
A ma deuxième « gastro amoureuse » j’ai essayé de corriger le tir. L’expérience, selon toutes les lois de la probabilité, devait maintenant être de mon côté. Mais il n’en fut rien. Oh, j’ai certes mieux exprimé ce que je ressentais, mais c’était tellement peu persuasif, tellement en deçà de ce que je ressentais, que finalement, cela finit en fiasco. Pourtant, je peux jurer que ce coup ci, mon ventre s’était retrouvé vraiment sans dessus dessous. Comme il ne l’a jusqu’à aujourd’hui plus jamais été. C’est pour dire. Mais j’étais jeune. Je me disais que bon c’était les débuts, que la terre ne s’était pas faîte en un jour, et d’autres affligeantes excuses. Alors je me remettais à scruter les moindres expressions de mes vils boyaux. Mais que dire, malgré les ans, les amies qui parcouraient mon existence, je ne m’améliorais pas d’un iota.
Alors que conclure. Timide ? Pourquoi pas, …, mais ça confine à la connerie. J’en serais conscient, je saurais que si j’exprimais complètement ce qui bout en moi, ça ne changerait pas une fin négative, mais rendrait une fin positive encore plus belle … et je n’en ferais rien. Mais alors je serais un timide con.
Je rectifie. Je suis un timide con. Et très con. Dommage non !

12 mars 2006

Un long voyage


Un jour je partirai
Mes yeux se fermeront
Je m’en retournerai
Vers un bel horizon

Mais tout cela ne sera
Que si j’ai bâti solide
Ne laissant pas du vide
Entre leurs frêles bras

Si d’amour j’ai fait don
Des jours bien plus beaux
Remplis de mon affection
Vénérés tels des héros

Un jour je partirai
Mes yeux se fermeront
J’irais dans ces cœurs aimés
Mon seul et unique panthéon.


© Novembre 2005 - Babou

20 février 2006

Vie toxique


Un paradis toxique
Des rêves cadavériques
Des visions anti-utopiques
Des songes peu classiques


Des montées alchimiques
Fruits d’incessants trafics
Frisson soit disant magique
A la chaleur des tropiques


Des descentes maléfiques
Destin au bout d’une pique
Enfer qu’on dit poétique
Triste picador héroïque


Pauvre erre anémique
Ta vie trop chimique
Approche académique
D’une fin tragique


© 01/2006 by Babou

26 janvier 2006

Lâche


Que mon coeur lâche
Il n’en peut supporter plus,
Qu’on me l’arrache
Utile, il ne m’est plus.

Ne fait qu’écouler ma peine
Aux creux bleus de mes veines
Un chemin mortel
Au poison infidèle.

Que mon coeur lâche
Que cesse cette folle douleur,
La belle se lasse, se fâche
Refusant tout honneur.

Qu’on le souille, piétine
Qu’on le noie en piscine,
Qu’on le brûle au fond d’un âtre,
Qu’enfin il cesse de battre.

Que mon coeur lâche
Il n’en peut supporter plus,
Qu’on me l’arrache
Utile, il ne m’est plus.


© Babou - 08/1999

16 janvier 2006

L'ultime


Au départ il devait l’être. Sûrement par accident, mais il l’était. Rien en lui ne poussait à suspecter qu’il ne l’était pas avant. Rien. On avait beau sonder son âme, inspecter les moindres recoins obscurs de son être, force était de constater qu’il l’était. Les plus grands s’étaient penchés sur son cas. Des analyses en tous genres furent entreprises, mais elles ne donnèrent rien. Juste une confirmation, qu’il l’était réellement.
On l’enferma donc dans le parc d’un château. On y construisit à son intention une dépendance, et on l’étudia. On pensait qu’il changerait, qu’il deviendrait comme les autres, comme nous. Mais les gens y perdirent beaucoup d’argent. Il ne changeait pas. Son sourire était là, il accueillait toujours poliment ceux qui étaient autorisés à lui rendre visite. Finalement, les chercheurs se dirent qu’il devait être remis en liberté. On le laissa donc réintégrer la vie de son monde. Notre monde. Bien sûr, à son insu, on continuait à l’épier, à le surveiller, afin de tenter de percer ce mystère. Afin de voir s’il n’était tout simplement pas un mystificateur. Mais rien n’y faisait. Il l’était. Les femmes éloignaient leurs enfants quand elles le pouvaient de peur que cela soit contagieux. De peur que le fruit de leurs entrailles puisse un jour lui être semblable. Les hommes, eux, continuaient à se moquer de lui, à abuser de lui, attendant enfin que cet usurpateur montre son vrai visage. Mais rien n’y fit il l’était. On sentait même chez cet homme, poindre un léger sentiment d’exaspération. Mais tout cela restait très discret. Car il l’était.
Finalement, fatigué de cette vie, las de voir qu’il était le seul dans son cas, exténué de subir l’inquisition permanente de ses semblables, cet homme, affaiblit par la vie qu’on lui avait fait subir, mourut dans sa cinquantaine. Personne n’alla assister à ses obsèques. La seule considération qui lui fut accordée, fut de n’avoir pas été jeté en fosse commune. On daigna après un âpre débat, lui attribuer une sépulture. Simple et bon marché. On peut encore y lire aujourd’hui cette épitaphe : Ici repose le dernier homme bon.