Billy Bob poussa du bout de son arme l’individu qui marchait devant lui les mains en l’air.
Ce dernier s’écroula et tomba les genoux au sol.
- Aïe … ce sol est salébreux !
- Mesure ton langage Brahim. L'insulte n'arrangera pas ton cas ... et je ne suis pas un sale juif !
- Non mais Billy Bob … j’ai juste dit que le sol était salébreux, fit Brahim en se relevant.
- Mais on n’est pas en terre sainte cafard … On est juste à la mer de sable !
- Merde t’en tiens une couche Billy. Déjà tu me braques alors que je suis ton fournisseur …
- Et alors … t’as voulu m’entuber non !
- Toi un type qui te vend une marchandise et que tu ne règles pas, c’est un type qui cherche à t’entuber ?
- Euh … pas vraiment, mais j’ai oublié mon pognon chez une grognasse et j’n’avais pas de quoi te régler !
- Mais t’es à la masse … Tu me braques pour ça ! Mais merde t’es mon frère de lait Billy. J’ai juré sur le lit de mort de Tata Zita que je te protégerais de ta propre stupidité !
Sur ce, sans que Billy puisse faire le moindre geste, Brahim se retourna, le désarma d’un mouvement en « W » et le fit mordre la poussière sur le sol salébreux.
- Salébreux ça veut dire rocailleux triple buse.
Billy Bob se releva gémissant, le visage éraflé. Brahim lui ordonna de lui ramener l’oseille pour le lendemain. Sur ce ils regagnèrent l’endroit où Billy Bob avait garé sa caisse.
- 'Tain … j’l’avais pourtant garée là …
- T’es trop con …
365 Obsolètes
Ahi … se dit Véro en s'éveillant. Elle était barbouillée. Joao l’avait amené dans un boui-boui soi-disant au top de la hype pour y manger un tajine la veille et depuis une heure elle était prise de brûlures d’estomac. Elle regarda sa montre.
Diantre il n’était que 3 H 00 du mat’. Elle se leva et alla à la salle de bain. Elle n’avait rien dans sa trousse de toilettes contre les remontées gastriques. Elle prit tout de même un verre d’eau.
Pis, elle ne pouvait pas réveiller Joao par un obscur désir de vengeance, ce dernier ayant prétexté un boulot tôt le lendemain de l’autre côté de la ville pour aller dormir chez un ami.
Elle retourna s’allonger. Les brûlures étaient toujours là. Elle alluma la télé et essaya de se tenir un peu assise. Dans cette position, les brûlures s’estompaient un peu.
Au petit matin, bien qu’elle ait dormi par moment, Véro se réveilla fatiguée et malade.
Elle se dit qu’on était dimanche, et qu’elle allait devoir trouver une pharmacie ouverte. Elle commençait à maudire Joao, se rendant compte aussi qu’il l’avait probablement embobiné sur le boulot … Un dimanche … pffufff. Et elle n’avait même pas relevé le truc !
365 Obsolètes
Véro devait impérativement trouver un logement. Elle ne supportait plus sa vie à l’hôtel.
Et puis financièrement ça grignotait ses maigres économies. Joao avait beau avoir un loft magnifique, elle n’avait jamais pu y mettre les pieds. Elle n’en avait encore moins eu un aperçu et elle ne savait même pas où il se situait.
Pour se rattraper, il l’emmenait ce soir au restaurant. Il venait de lui envoyer un texto lui signifiant qu’il l’attendait devant l’hôtel.
Elle prit sa veste et descendit rapidement. Elle ne le vit pas. Une voiture sans permis klaxonna.
Elle n’y prêta pas attention, mais la porte passager s’ouvrit et elle aperçut Joao lui signifiant de monter. Son moral déclina un peu plus, et le maigre espoir qui s’était allumé quand Joao lui avait dit qu’ils iraient diner s’éteignit telle une bluette en faisant « pschiitt ».
Bien malgré elle, elle monta dans la voiture. Joao l’embrassa et démarra.
Durant le trajet elle ne dit pas un mot, le bruit du moteur les auraient couvert le cas échéant. Pourvu que le resto en vaille la peine se dit-elle tout de même sur le trajet !
365 Obsolètes
Le pétale labile tomba sur la table. D’une façon plutôt habile, Johnny le cueillit et le porta à la poubelle.
Abby avait un effet bénéfique sur Johnny. Le bon qui était en lui remontait à la surface de jour en jour, et les côtés sombres étaient repartis hanter une autre âme perdue. Entretenir une présence fleurie pour sa belle lui procurait une joie simple et profonde qu’il n’aurait jamais soupçonnée.
Les compositions variaient suivant la tonalité du jour, mais invariablement la rose réussissait toujours à se faire une petite place.
Abby le notait tous les jours, mais ne le soulignait pas. Elle prenait cela et l’enfermait au fond d’elle comme un trésor précieux.
Johnny savait qu’il n’avait plus de bile à se faire rien qu’au regard qu’Abby posait sur lui. Il y avait comme une lueur, une lumière éternelle aux fonds des yeux d’Abby qui ravivait la flamme de son cœur. Il en avait pris pour une éternité et cela faisait son bonheur.
365 Obsolètes
Au boulot, Mytilda était dans une phase assez bizarre. Elle complotait toujours dans l’optique de leur grand plan. Encore plus secrètement qu’auparavant. Je suivais un peu moins ses pérégrinations et autres circonvolutions. Mon état pseudo dépressif du gars larguer (dans tous les sens du terme) m’avait fait baisser la garde.
Ma vigilance était moindre, et je m’acoquinais de cet état de fait, en constatant que je mirais Mytilda sans le filtre de chercher à tout instant le mauvais coup qu’elle pouvait bien préparer. Bref, je la voyais vaquer à son grand projet, sans plus vraiment rien n’y comprendre. Que j’en sois l’éventuelle cible ne m’effleurait même plus l’esprit. Ses gesticulations me permettaient juste de faire s’écouler le temps me séparant du retour au canapé de l’appartement, où je me lovais comme une moule inerte.
Mauvaise hygiène de vie tout même, non !
365 Obsolètes
Véro était passée chez Valérie. Elle y avait croisé Billy Bob qu’elles avaient rencontré lors de leurs vacances estivales.
- Val, je sors, j’ai une course à faire.
Et sans un mot de plus il sortit de l’appartement.
Véro était venue en espérant secrètement que Valérie se soit séparée de Billy Bob. Hélas ça ne semblait pas le cas.
- T’es sûr que c’est le genre d’homme qui te convient ?
- J’en sais rien … en tous cas pour l’instant c’est mon mec !
- Un poil poiloux, non !
- Où ça un poil ?
- Hein … Ah non, un poiloux !
- Mais où je te dis … vite une pince à épiler !
- Non … je veux juste te dire que je le trouve bizarre, tu le connais à peine ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes … Et toi avec ton Joao tu le connais depuis plus longtemps peut-être ???
- C’n’est pas pareil …
- Ouais … t’es jalouse en fait !
- N’importe quoi …
Véro calma le jeu. Bref, elle allait devoir retourner à l’hôtel et se chercher un appart, parce qu’avec l’arlésienne du loft de Joao, elle commençait à légèrement douter !
365 Obsolètes
Je sortais très peu. Mon esprit n’avait pas l’âme courantine en cette période d’abandon. Cependant, quelques impératifs de la vie quotidienne me contraignaient à sortir de temps en temps.
Il en allait ainsi de mes sorties au bar du coin le soir histoire d’aller tremper le bord de mes lèvres sur l’angle arrondi d’un verre de vieux rhum. Le feu du breuvage me rappelait que la vie parfois on s’y brûlait. Parfois jusqu’au bout des ailes.
De même je me rendais à la supérette à deux rues de l’appart. Et quelle fut pas ma surprise d’y croiser avant hier le patibulaire à Valérie. Qui plus est, dans une position pas très honnête. Ce dernier mettait des boîtes de conserves sous son manteau. Des sardines, du thon … une sorte de thématique ?
Il ne me vit pas, et passa la caisse comme si de rien n’était.
Au moins cela confirmait mon opinion sur les choix et la grande clairvoyance de Valérie. Ce n’est pas elle qui tomberait un jour sur une perle dans une huître !
365 Obsolètes
- Dis donc mon chou, ils en sont où tes ravaleurs de loft ?
- M’en parle pas … c'est à désespérer du sérieux de l’artisanat !
J’y suis passé hier en coup de vent … une vraie catastrophe. Des fils qui pendent de partout, des trous dans les murs, des enduits digne de Beyrouth par jour de bombardement … bref une horreur !
- Non mais tu ne m’avais pas dit qu’ils auraient dû terminer avant que tu ne partes en vacances ?
- Si …
- Ben tu ne te ferais pas rouler dans la farine ?
- J’en sais rien … non, ...., c’est de tradition dans le bâtiment les retards !
- Tu te fous de moi là j’espère ?
- Non … pas du tout Véro !
- Zest, et tu persistes à me prendre pour un citron en plus … « De tradition dans le bâtiment », ..., non mais t’entends les conneries que tu débites mon grand !
- Véro … tu fais chier … c’est mon problème !
- Oui … et bien je vais te faire comprendre que c’est aussi le mien.
Sur ce, la porte de la chambre d’hôtel claqua. Joao sortit la tête de la salle de bain.
- Bibiche t’es là ?
Le silence lui répondit. Apparemment, Véro était partie faire un tour !
365 Obsolètes
Eric voulait organiser un grand Raout. Son caractère ombrageux et sanguins le poussait parfois à l’ouvrir plus qu’il ne le devrait.
N’avait-il pas tout simplement annoncé le plus grand piquenique au monde, que déjà il constatait que les grands de ce monde se montraient dédaigneux envers son projet.
Pis, de vulgaires roturiers, de l’employé, de l’ouvrier, s’inscrivaient en nombre sur la page dédiée à l’événement. Il avait beau leur répondre légèrement agacé, à la mode d’un certain Albert Crombie (un pote ricain du gars Eric) que non ils n’avaient nullement le standing pour le piquenique qu’il organisait et qu’il fallait juste être riche, beau et puissant pour espérer recevoir son carton d’invitation.
Bref Eric se dit qu’il aurait du mettre « déjeuner champêtre » en lieu et place de piquenique … la plèbe aurait quand même vu que ce n’était pas pour elle !!!
365 Obsolètes
Joao Pedro poussa un cri. Une sorte de grand « Ah ». Véro se demanda ce qu’il pouvait foutre là dedans.
5 minutes plus tard, le cri, signe d’un ahan surhumain, recommença de plus bel !
- Mais qu’est que tu fous à ahaner comme ça ?
- Hein … qu’est-ce que tu racontes, je n’fais pas l’âne !
- Mais ce n’est pas ce que je dis, …, c’est quoi tout ce chambard que tu fous !
- Ben euh … j’ai un petit souci de transit !
- Ah … d’accord, monsieur pousse quoi !
- Monsieur Qui ?
- Hein … mais non je ne parle d’André …
- André qui ?
- Ben André Pousse … l’acteur !
- Connais pas …
- Non mais là n’est pas le problème, je disais que tu poussais pour te soulager …
- Ah oui … c’est tout à fait ça ?
- Ben tu me feras un plaisir d’essayer de me dissiper l’odeur … Parce qu’ils n’ont pas mis de sent bon …
C’est vrai qu’il était rare de trouver un p’tit brise dans les toilettes d’hôtel … Un autre cri d’effort se fit entendre …
- Bon essaye de faire moins fort tout de même, parce que les voisins … hein !
Puis Véro retourna s’allonger sur le lit pour regarder la télé …
365 Obsolètes
Entre Véro et moi, nous n’en étions plus à la bisbille. Bien que notre rupture fut soudaine et sans vraiment d’autre explication que mon refus de me coltiner sa copine Valérie en vacances, j’en étais à la phase où elle ne répondait même plus à mes appels.
Pis, elle m’envoyait de temps en temps Valérie afin de me réclamer deux ou trois choses lui appartenant. Je n’avais pas de grande discussion avec la cause de mon malheur, mais aujourd’hui alors qu’elle était accompagnée d’un cerbère gominé à la mine patibulaire (Je pense qu’en sous main elle participait à un grand concours secret du genre « Je sors avec les plus cons de la terre ») ce dernier n’avait cessé de regarder dans tous les recoins de l’appart, comme s’il était en repérage.
D’ailleurs lorsque j’ai essayé de poser quelques questions, pourtant anodines, à Valérie, il est venu s’interposer en me faisant comprendre que non là tu la fermes, on n’est pas là pour ça.
Bref, dès demain je change les serrures.
365 Obsolètes
Billy Bob donnait parfois dans le malhonnête. Le « pas très légal ». Billy bob était un peu interlope avouons-le.
Bref de retour d’un périple à Caracas, Billy Bob avait quelques espèces sonnantes et trébuchantes dans les poches. C’était ce qu’on appelle un panier percé. Il n’avait jamais su mettre de côté, épargner.
Il vivait au jour le jour. Ce matin il venait de se faire mettre dehors par une de ses conquêtes.
C’est fou ce que les mauvais garçons pouvaient avoir comme succès auprès des femmes. Je ne savais pas pourquoi d’ailleurs. Une énigme !
Bref … il sortit son portable et composa le numéro :
- Salut … c’est Billy
- Ah … ça fait un bail !
- Oui … T’as reçu ma carte ?
- Ah non … je n’ai rien reçu !
- Ben merde … je t’en avais pourtant envoyé une … Bref, tu fais quoi ce soir ?
- Je raccompagne une amie à la Gare de l’Est … Pourquoi ?
- Ça te dit de prendre un verre après ?
- Faut que je voie avec une autre amie …
- Allez … s’il te plaît, ça me ferait plaisir !
- Bon … OK … disons 19 H 30 à la sortie de la Gare …
- OK … ça roule ma poule. A plus.
365 Obsolètes
Ça cognait sévère. Dehors, le soleil était de plomb. Allions-nous avoir le droit à une belle arrière-saison. Bref ça discutait sec au comptoir.
Personnellement, je ne me mêlais pas à la conversation. Comme j’en avais pris l’habitude j’étais venu boire un verre, un vieux rhum que je ne cessais de regarder.
Johnny entra dans le bar et alla s’asseoir à la table du fond. Abby l’accueillit avec le plus magnifique des sourires. Deux menthes à l’eau quittèrent le zinc pour le plateau du serveur.
Soudain, deux des apprentis météorologues en vinrent aux mains. Ils s’accagnaient comme des enragés pour une sombre histoire d’anticyclone et d’Açores. Ils sortirent dans la rue. Finalement Johnny les rejoignit et les sépara.
De mon côté j’en profitai pour boire mon verre. En sortant je croisai Johnny. Il me laissa passer. En revenant à sa table il dit à Abby :
- Etrange, je viens de me croiser … enfin l'ancien moi !
- Ah … tu parles de mon voisin ?
- Ton voisin ?
- Oui …
- Et bien il doit avoir quelques soucis. Heureusement qu’il ne boit qu’un verre …
365 Obsolètes
Mytilda était une femme vraiment étrange.
Une sorte de petit animal aux réactions hétéroclites. Ou pas ! Ça dépendait de l’angle d’analyse que l’on prenait.
Nos relations quotidiennes étaient sommes toutes du domaine professionnel. Du côté de l’ordre privé, en dehors de vouloir soi-disant m’occire, il régnait un flou d’ordre artistique. Un truc indéfini.
- Tape là Ducon … t’entends, ça c’est du pecs de compét’ …
- Oui … si tu veux …
Dans de tels moments, je me demandais si elle n’était pas un poil (en dehors de variations saisonnières et esthétiques !) pecque la gamine …
- T’ain t’es chiant en ce moment, t’es tout mou …
- Et alors ?
- Ben t’fais d’là peine. J’perds tout mordant pour le grand projet …
Bon en même temps j’n’allais pas lui crier que je m’étais fait plaquer comme une merde. ça aurait été un brin trop jubilatoire pour elle.
Bref … je laissais l’indéfini dans son flou. J’y gagnais sûrement en tranquillité !
365 Obsolètes
Valérie était amie avec une certaine Ally. Elle était originaire du Territoire de Belfort, plus précisément d’une petite ville nommée Boron. Elle avait, hélas pour elle, épousé un homme rustre et un brin abruti aux entournures. Et encore elle était généreuse en se limitant aux entournures.
Non Al (pour Alphonse … mais il exigeait qu’on le prénomme sobrement Al) était un vrai aliboron. Ce n’était pas lui qui t’aurais posé le Mékong comme étant « Sông Cửu Long » (Le fleuve des neufs dragons), ni même qu’il finissait sa course au Vietnam.
Bref tout ça pour dire qu’Ally était de passage chez Valérie et que Véro était à l’hôtel pour 2 jours. Apparemment le loft de Joao Pedro était en travaux ! Quel dommage, car d’après ce qu’il en avait décrit à Véro, il valait le détour !
365 Obsolètes
Joao Pedro fit ronfler le moteur de sa Viper devant l’entrée de Valérie. Véro en sortit et monta à bord. Elle lui demanda s’où sortait cette voiture. En guise de réponse elle eut droit à un rapide baiser et à un démarrage en trombe. Il lui expliqua qu’il voulait éviter les bouchons et qu’il fallait se dépêcher.
Hélas … en dépit de la Viper, ils subirent la dure loi des bouchons. Joao Pedro ruminait. Il pestait sur ce retard. Ils arriveraient tard à Deauville.
Sur l’autoroute il accéléra et mis le turbo. Il le mit trop d’ailleurs. Deux motards apparurent et l’escortèrent jusqu’à une aire de repos.
- Bonjour Monsieur … Alors comme ça on fait joujou avec sa Viper.
- Monsieur l’agent … vous savez on ne se rend pas compte à bord …
- En effet … elle porte son nom. Elle est vipérine et vous vous êtes fait mordre.
- Oh je ne roulais pas si vite … quoi 150, 155 …
- Vous êtes bien modeste Monsieur … 198 retenu. Bref, permis de conduire et papier du véhicule s’il vous plait ?
- Monsieur l’agent soyez sympa …
- Je vais être sympa, je ne vais pas immobiliser le véhicule. Madame vous avez votre permis j’espère !
- Oui …
Heureusement … retrait de permis immédiat pour le Joao Pedro. Quant à l'arrivée, elle fut très tardive ...
365 Obsolètes
Mon âme, mon esprit étaient un véritable margouillis sentimental.
Il y avait de la haine, du désespoir, de l’incompréhension et quelque part j’en étais quasiment sûr une lueur d’amour. Mais là, à l’instant présent je n’aurais su dire où !
En fait, aux tréfonds, c’était visqueux et gluant, sombre et froid. Mes entrailles se mouvaient dans un gargouillis des plus indolores.
En un mot, je ne me remettais pas du départ de Véro et j’en chiais plus que grave. Il fallait que je comprenne où ça avait bien pu pécher. Sans cela, ma chute pouvait être sans fin.
En même temps, si je ne comprenais finalement jamais … me disais-je … Mon regard se porta sur l’écran scintillant devant moi. Les trombes d’eau d’un Typhon menaçaient Fukushima, alors mes petits états d’âmes pouvaient bien me retourner dans tous les sens, la nature était peut être ainsi faîte, violente et injuste …
365 Obsolètes
- Ah, fit le kéké, tu n’es pas d’accord avec la définition d’affiquet
- Non …
- Ben tu ne manques pas d’air … je te rappelle que les 365 obsolètes c’n’est pas de la pâtée pour chien !
- Je n’ai jamais dit le contraire.
- Oui … mais tu dis que tu n’as pas confiance dans la définition fournie pour « Affiquet ».
- Tu l’as dit mon bon kéké !
- Hein … mais je ne suis pas ton banquier !
- Non … j'ai dit "mon bon kéké" !
- Quoi … quel banquet !
- Non mais t’es déficient auditif ou quoi … Un bon kéké !
- Un banc qu’est comment ?
- Bon oubli tu vas te faire un nœud au cerveau… On dira que la définition me paraissait imprécise … Il manquait quand même le concept ornemental … ça tient du bijou tout de même
- Hein … quel biniou !
- Non … bon laisse tomber Kéké. J’n’ai rien dit …
- Ah, je préfère … M’enfin fait gaffe à ce que tu fais, …, j’t’ai à l’œil hein ! J’va t'fliquer mon gars …
365 Obsolètes
Édouard avait une idée. Et quand Édouard avait une idée, il ne l’avait pas ailleurs.
Ne cherchez pas puisque je vous dis qu’il ne l’avait pas ailleurs !
Bref, bien au chaud, assis dessus, Édouard conceptualisait son idée de génie. Sans bouillir en plus. Certains d’entre vous auraient sûrement vu dans cet acharnement, un être épris d’une billevesée malsaine, mais de lui, cette idée était loin (hein ?).
Bref … il pensait sérieusement à lancer un service de livraison à moto. Pas de pizza ou autre sushi. Non des livraisons de Hachis. Oui des hachis à moto.
Pour vous dire, c’était hyper gonflé de la part d’un type victime d’une thyroïdite suite à un voyage au Tyroll !
Il avait même trouvé un slogan : « Le hachis partout ». Mais sa copine n’était pas trop chaude, alors que lui, il était plutôt chaud patate.
Bref Édouard conceptualisait !
365 Obsolètes
C’est fou (Dédicace ?) comme parfois les phénomènes se reproduisent. Qu’une cause puisse invariablement mener au même effet …
Bref Véro n’étant plus ma petite amie, et croyant probablement y trouver une solution miraculeuse, j’en étais réduit à me faire surprendre in poculis par quiconque venait au troquet du coin.
J’y venais seul (Sombre solitude du type s’étant fait jeter !), et m’asseyais au comptoir. Dans la glace devant laquelle étaient entreposés moult divins élixirs, j’arrivais à entrapercevoir Abby la voisine, assise devant une menthe à l’eau. Elle au moins n’était pas seule. Elle rayonnait d’amour pour le type assis en face d’elle.
Mon regard revînt sur mon verre. Un vieux rhum que je prenais le temps de boire. J’avais tout mon temps, personne ne m’attendait à la maison.
365 Obsolètes
Ça faisait un bail que l’on n’avait pas vu le Jo Christ. Le bruit des tiags sur le petit carrelage du bistrot après une arrivée frein à main manquait.
Bill le patron (en fait il s’appelait Robert … mais comme un certain Bob lui avait chourer sa femme des années auparavant, ce nom était désormais banni !!!) nous avait dit qu’il avait pris un abonnement à la piscine et qu’il ne pouvait plus venir.
- Ah bon … avions-nous répondu en chœur.
Évidemment personne ne nous avait précisé que l’abonnement à la piscine était que sa femme était rentrée au bercail et qu’il ne bougeait plus une oreille. Apparemment, elle avait le pourvoir de l’abonnir à l’insu de son plein gré.
En tout cas, l’énergumène et sa vie virtuelle nous manquait certain jour. Nous reprîmes un verre en son honneur. Toute occasion était bonne !
365 Obsolètes
Je ne cessais de penser à Véro. J’essayais de l’appeler mais elle refusait apparemment de me parler.
Pis, elle avait envoyé cette satanée Valérie pour récupérer une autre partie de ses affaires.
Évidemment j’ai essayé de savoir, de comprendre en posant des questions à Valérie, mais tout ce qu’elle a pu me dire c’est qu’il fallait que je tourne la page, que Véro l’avait fait et qu’elle sortait avec quelqu’un …
Ça m’avait foutu un tel coup cette nouvelle que j’en étais resté sans voix jusqu’à son départ.
Merde, une espèce de pécore sortait avec Véro ! En même par 1 mois et demi j’avais été largué et remplacé. J’étais ravagé. Mon univers intime s’était écroulé.
Un pote m’appela pour prendre un verre, mais je refusai poliment. Je voulais juste sombrer dans le sommeil pour oublier, ne plus penser.
365 Obsolètes
Billy Bob colla son timbre. Enfin il essaya.
Cette merde de timbre, dont il avait beau eu lécher le cul, ne voulait pas se coller ! Il conchia le fabriquant de cette daube. Ah ça, il s’en souviendrait des timbres étrangers.
Et tout ça pour faire un coucou à cette Valérie qu’il avait croisé le mois dernier sur une plage ensoleillée. Il aurait bien plutôt conté fleurette à sa copine, mais un certain Joao était déjà sur le coup.
Billy Bob n’était pas tout à fait un colas, mais il faut bien avouer que c’était assez bien imité. Ce n’est pas lui qui aurait pu prendre la place d’Alain, à la barre du Manureva.
Il se mit d’ailleurs à fredonner un titre de Groscolas en repensant à cette colasse de Valérie et au fait qu’il allait devoir trouver un peu de colle.
Il remit ses bottes et sortit de la chambre.
365 Obsolètes
Johnny cherchait un cadeau pour Abby. 1 Mois qu’ils se fréquentaient. Il était sur un petit nuage, tel un ange auquel on aurait greffé un jetpack surpuissant. Bref il planait à 15 000.
Il avait failli prendre cette jolie harpe au magasin de musique, mais il s’était finalement dit que ça ferait un peu trop gros et lourd. Et puis Abby ne savait pas en jouer.
Bon il lui fallait trouver une autre idée lumineuse.
Tiens … et pourquoi pas une bague, se dit-il. Ça fait toujours plaisir. Enfin tant que l’on n’offre pas une happelourde de bas étages.
Le vendeur lui conseilla une jolie bague, diamant et saphir, cependant quand le vendeur annonça le prix, Johnny fit celui qui devait réfléchir et changea de crémerie. Enfin de bijouterie ! Qu’il n’y ait pas les prix dans la bijouterie aurait du l’alerter. Sacré petit nuage se dit-il.
Il trouva enfin son bonheur dans une bijouterie de moindre prestige. En fait l’important était que tant qu’on avait l’ivresse, hein …
365 Obsolètes
Sherryl regarda par la fenêtre. La pluie venait de se mettre à tomber.
- ‘tain … à cause qu’y pleut ma mise en plis va être foutue, s’écria-t-elle en mâchonnant son chewing-gum.
- Oh la barbe Sherryl, lui répliqua sa mère tout en tirant sur sa clope, revêtue d’une nuisette rose bonbon des plus acidulées !
- Je te hais grosse truie. C’est toi qui a une moustache … Moi j’vais m’tirer d’ici avec Billy. On va s’barrer à Roubaix. Billy l’a trouvé un job !
- Tu parles … ton crétin est juste bon à manger du foin. Il n’y trouverait sûrement pas une aiguille.
- Connasse … Tu le vois celui-là … Ben tu te le mets là et tu verras le Manneken-Pis …
- Casse-toi morue avant que je n’te fasse goûter de ma tarte à cinq doigts …
Sherryl sortit en claquant la porte. Pour sûr qu’elle allait se tirer. Même qu’elle emmènerait little John. C’n’était pas demain la veille qu’elle le laisserait avec cette grosse vache.
M’enfin à cause qu’il pleuvait, elle avait tout même l’air d’avoir un ragondin mort peroxydé sur le crâne. Merde !
365 Obsolètes
Mes rêves actuels n’étaient rien d’autres que des berquinades dignes des plus belles pages de Barbara Cartland (Ah ouais … des références tout de même le petit).
Ma réalité s’y retrouvait projetée dans un monde féerique. Mes déboires devenaient de véritables victoires. J’étais le vilain Ross, le type horrible que l’héroïne détestait dès le premier regard échangé. Cette même héroïne qui ne jurait que par le beau et charmant Steven (Ou Ken … ou Kevin, bref un mec qui se lève tout ce qui bouge !), qui fleurait bon le sable chaud des plages polynésiennes. Évidemment je venais des bas quartiers tandis que le Steven était issu (Ah … vendeur dans le sentier ?) d’une famille des plus nobles.
Et puis là, patatras, Steven se révélait être un cocaïnomane, adepte du sadomasochisme avec Maîtresse venin (et bien d’autres) et n’avait pas vendu une seule chemise depuis deux ans.
Bref … mes rêves étaient peuplés de belles et magnifiques (Jane ???) berquinades.
365 Obsolètes
Véro avait aussi repris le chemin du boulot. Elle était revenue toute bronzée de ces deux semaines de vacances. D’ailleurs elle n’en était pas peu fière de son teint halé.
Même Valérie qui prenait pourtant bien le soleil en éprouvait un sentiment de jalousie. Elle avait beau impugner le fait que Véro fusse plus bronzé qu’elle, Véro voyait bien dans cette jalousie latente que son bronzage était au top et lui allait à ravir.
Elle regarda son téléphone. Joao Pedro ne l’avait pas encore appelé. Ah les amours de vacances se dit-elle, dureront-ils plus qu’un automne ?
Pour l’instant c’était le cadet de ses soucis. Elle profitait. Elle ne voulait pas penser à sa récente séparation. Joao Pedro était son nouveau légionnaire fleurant le sable chaud.
Son téléphone sonna.
365 Obsolètes
En rentrant de mes courses je croisai Abby en bas de l’immeuble. Me voyant chargé elle me tint la porte.
- Bonjour, ça va, me fit-elle.
- Oui, répondis-je, ne me souvenant plus trop qui m’avait conseillé de souvent répondre positivement à cette question
- On ne dirait pas …
- Oh, quelques soucis … les aléas de la vie !
- Ah … Bon faut que j’y aille je suis en retard. A une prochaine.
Je repris mon ascension des étages jusqu’à l’appartement. Une fois les courses rangées, au lieu de me préparer à dîner, je vins lamentablement choir sur le canapé. Mon téléphone se mit à tintinnabuler. Bizarre, je ne me souvenais pas avoir mis un bruit de clochette en sonnerie.
Quand j’eu décroché, une voix m’avertit de ne pas raccrocher, qu’un correspondant allait me parler.
Tu parles …
365 Obsolètes
En arrivant au boulot je fus accueilli par Mytilda toute souriante.
- Alors tes vacances … elles étaient toutes pourries j’espère !
- Bien vu … tu as mis dans le mille !
- Chouette !
- Toujours aussi sympa …
- Tiens … si tu veux je te ramène un café !
- Pourquoi pas … sans sucre.
Étonnant me dis-je. Toujours aussi barrée, mais le coup du café m’indiquait que quelque chose n’était pas habituelle.
- Tiens … sans sucre.
- Dis … serais-tu devenu pantophile pendant les vacances ?
- Oh … j’ai toujours aimé les plantes …
- Hein … euh ouais bon, oublions. C’est gentil pour le café.
- De rien … j’ai p’t’être craché dedans, fit-elle en sortant du bureau …
Mauvais. C’est sûr mon karma actuel devait être très mauvais.
365 Obsolètes
Argh …
Je me redressais en sueur sur le lit. Putain de rêve …
Depuis que Véro avait prononcé le mot de break, je ne dormais plus sereinement.
Pourtant il y a 3 semaines tout semblait aller pour le mieux. Sauf qu’à la veille du départ en vacances, elle avait à tous prix voulu qu’on se coltine sa copine Valérie, la pseudo déprimée. J’avais refusé, tenu tête, menacé de rester à la maison.
Elle m’avait pris au mot. Pis, avant de partir, elle m’avait annoncé qu’elle souhaitait faire un break. Un problème de longueur d’ondes soi-disant !
En entrant dans la cuisine, plus par automatisme que par envie de faire gogaille, je me dirigeai vers le frigo et me servit un verre d’eau. Je ne pouvais rien ingurgiter d’autre.
Bref je n’étais pas parti et cette satanée Valérie avait pris ma place. Et demain c’était la rentrée. Véro était venue prendre des affaires hier. Elle emménageait chez Valérie. Elle n’avait rien voulu entendre.
365 Obsolètes